Traiter une épicondylite du coude a toujours était source de difficulté. Souvent isolé par un traitement en fonction du stade d’évolution, il paraît maintenant évident de mixer plusieurs techniques ou adjuvants en fonction du bilan précis du thérapeute.

Cet article explique l’utilisation du laser haute puissance (photobiomodulation) sur les différents stades de la pathologie et son utilité au côté d’un traitement classique.

 

ANATOMIE FONCTIONNELLE

Pour décrire rapidement l’anatomie de la partie latérale du coude, il convient surtout de connaître les différents muscles qui s’y attachent et leurs fonctions.

Sont concernés dans cette pathologie les extenseurs du poignet que nous schématisons dans le tableau suivant :

Nom Insertion Proximale Insertion distale Fonction Innervation
Long Extenseur radial du carpe Epicondyle latéral de l’humérus et Septum intermusculaire latéral Face dorsale de la base 2ème méta Extenseur et abducteur de la main Radial
Court Extenseur radial du carpe Epicondyle latéral de l’humérus, face antérieure Face dorsale de la base 3ème méta Extenseur et abducteur de la main Radial
Extenseur Ulnaire du Carpe Epicondyle latéral et bord postérieur Ulna

 

Face dorsale de la base 5ème méta Extenseur et adducteur de la main Radial branche profonde
Brachoradial ¼ inf. du bord latéral de l’humérus Face latérale de l’apophyse de la styloïde radiale Fléchisseur avant-bras et bras. Ramène le bras en position de fonction Radial


 

PHYSIOPATHOLOGIE 

L’épicondylite latérale se manifeste surtout dans un contexte professionnel (TMS) ou sportif (tennis elbow) suite à des mouvements répétitifs. Cette pathologie dont le diagnostic est principalement clinique, touche en général les patients entre 35 et 55 ans.

Les connaissances actuelles penchent surtout en faveur d’une atteinte dégénérative (micro-lésions) et moins sur l’aspect inflammatoire. Les dernières études considèrent que les douleurs sont dues à l’hypoxie, sur zone, qui stimule l’angiogenèse et la croissance des fibres nerveuses dans les tendons.

 

 

BILAN DIAGNOSTIC

Examen clinique 

A l’examen, l’épicondyle latéral est douloureux lors des activités de la vie quotidienne, à la palpation, et le patient se plaint d’une diminution de la force musculaire de préhension. Dans ce type de pathologie, de façon récurrente nous avons des atteintes distales, comme des contractures, sur les muscles attachés à la face latérale du coude. Il est donc important de les traiter afin de libérer les tendons de cette tension permanente.

Les mouvements de flexion passive et d’extension active contre résistance du poignet en pronation avec une position du coude en extension, déclenchent aussi une douleur. Cette pathologie se retrouve souvent chez les sportifs qui pratiquent des jeux de raquette.

Le test de Maudsley peut être un bon indicateur : extension du majeur contre résistance, coude en extension pour recruter le Court Extenseur Radial du Carpe.

 

 

Examens complémentaires

Après avoir éliminé grâce à un diagnostic différentiel certaines pathologies (radiculopathies cervicales, syndrome du tunnel radial, tumeur, etc.), chaque examen complémentaire pourra être utile :

  • La radiographie pour mettre en évidence des calcifications intra-tendineuses
  • L’échographie pour éliminer une pathologie inflammatoire articulaire
  • L’EMG pour vérifier qu’il n’y a pas de compression du nerf radial
  • L’IRM si l’on soupçonne des ruptures tendineuses ou lésions ligamentaires

 

TRAITEMENT PAR LA THERAPIE LIGHTFORCE

Principales composantes

Si l’on se réfère à la physiopathologie, chaque composante trouve son action ciblée grâce au laser :

  • L’oxygénation (pour l’hypoxie) : absorption des photons, l’oxyhémoglobine libère de l’oxygène
  • La biostimulation : augmentation de la production d’ATP, grâce aux Cytochromes C,qui se trouvent dans la membrane des mitochondries, et qui lient les molécules d’O2 pour former des molécules de Cytochromes C oxydase augmentant la production d’ATP, longueurs d’onde autour de 810 nm. Cela favorise la cicatrisation pour les micro-lésions
  • La stimulation de l’angiogenèse, longueur d’onde autour de 980 nm

 

Phases de traitement

On les découpe en 3, voire 4 phases. Généralement au niveau de la zone primaire de la lésion, à distance, au niveau de la racine nerveuse et enfin si besoin sur les points gâchettes ou dermatomes.

Conditions de sécurité : il est indispensable que les personnes présentes dans la salle portent des lunettes et préférable de fermer la porte de votre salle de soins.

 

Installation du patient

Deux positions peuvent être utilisées pour ce type de pathologie :

Soit :

  • Patient face à vous sur une chaise
  • En appui sur les coudes légèrement écartés
  • Paumes de mains sur la table
  • La table de traitement entre le patient et vous

Soit :

  • Patient en décubitus dorsal
  • Bras le long du corps
  • Paume de la main au zénith

La première position permet d’avoir accès au coude, aux muscles extenseurs mais aussi à la colonne cervicale.

 

Traitement au niveau de la face latérale du coude 

Les réglages à effectuer sont les suivants :

  • De 1 mn 40 et 7 W en aigüe à 3 mn 40 et 9 W en chronique
  • Technique : effectuer des déplacements circulaires au niveau des insertions musculaires de la face latérale du coude. Sans omettre de passer à la face antérieure du pli du coude tout en pointant votre faisceau postérieurement et latéralement. Cela afin de traiter la globalité des insertions tendineuses
  • Tête de traitement : nous utiliserons pour cette phase une tête sans contact – large afin de balayer une zone de 100 cm2 environs. Si la douleur est très localisée, une petite tête sans contact suffira

[caption id="attachment_979" align="aligncenter" width="445"] Traitement au niveau de la face latérale du coude avec la tête sans contact LightForce[/caption]

 

Traitement des muscles extenseurs

Les réglages à effectuer sont les suivants :

  • De 2 mn 30 et 8 W en aigüe à 5 mn et 10 W en chronique
  • Technique: le travail s’effectue surtout de long de l’avant-bras (200 cm2) en allant chercher en profondeur les différents faisceaux musculaires. Cette phase permet de sentir les tissus sous-jacents et traiter plus précisément les zones les plus contractées ou engorgées
  • Tête de traitement: nous utiliserons une tête dite « de contact ». Cette tête munie d’une boule en silice permet à la fois de délivrer le faisceau laser de façon optimale mais aussi de travailler les différents muscles en profondeur

[caption id="attachment_978" align="aligncenter" width="419"] Traitement de l'avant-bras avec cône XL LightForce[/caption]

 

Avantages de la tête de traitement « contact » 

Définition Avantages
Compression Permet de se rapprocher du tissus cible Augmentation de la puissance en profondeur
Collimation Faisceau lumière parallèle Moins de perte de photons
Réfraction Minimise la perte de lumière Augmentation énergie délivrée aux tissus
Réflexion Perte de lumière Baisse de cet indice
Tissus Travail manuel Feed-back

 

 

Traitement des Points Trigger

Traiter les points gâchette peut s’avérer nécessaire sur ces pathologies chroniques. Cela dépendra de votre bilan. Cette action complète celle sur les muscles et donc libère la zone sous tension. Le Trigger Point indispensable à traiter sera le Court Extenseur Radial du Carpe, muscle majeur dans cette pathologie.

Les réglages à effectuer sont les suivants :

  • De 1 mn et 5 W sur chaque point Trigger identifié
  • Tête de traitement : une petite tête de contact de manière circulaire vous aidera à mieux sentir le relâchement

 

Racine nerveuse 

Effectuer une session sur les racines nerveuses du nerf radial donc entre C5 et C8, principalement, sous la forme d’un balayage, pour un patient hyperalgique.

Les réglages à effectuer sont les suivants :

  • De 1 mn 30 et 15 W en aigüe à 2 mn et 15 W en chronique
  • Tête de traitement: privilégier la petite tête sans contact

 

[caption id="attachment_977" align="aligncenter" width="475"] Traitement de la racine nerveuse avec la tête plate LightForce[/caption]

 

[caption id="attachment_976" align="aligncenter" width="471"] Traitement de la racine nerveuse avec le large cône LightForce[/caption]

 

Les séances 

Deux séances par semaine est une bonne programmation, faire un point à 6 séances.

Chaque séance doit aussi être un moment de discussion avec le patient afin de réajuster les paramètres en fonction du ressenti et de l’évolution des douleurs.

La kinésithérapie associée

Il faut distinguer 2 cas :

  • En phase hyperalgique : le traitement laser se fera seul
  • Tout au long du traitement : vous pourrez associer des normalisations articulaires holistiques, des étirements, un travail excentrique, massages

 

TRAITEMENTS COMPLEMENTAIRES

Ils sont multiples en fonction de l’évolution de la pathologie :

  • Les bandes de taping afin de favoriser le drainage en phase très algique
  • Les PRP (Plasma Riche en Plaquettes) sont des alternatives de plus en plus employées. Attention, il est important de bien se mettre en relation avec le médecin afin d’adapter son traitement laser à l’injection
  • Enfin en dernier recours qui peut aller jusqu’à la chirurgie, mais de plus en plus rare. Elle consiste soit en une désinsertion musculaire des épicondyliens (qui restent attachés aux muscles voisin), soit à des gestes d’allongement musculaire

Une mention particulière à la thérapie combinée (Laser – Ondes de chocs).

Pour en savoir plus, consultez l'article ONDES DE CHOC RADIALES: TRAITEMENT DE L'EPICONDYLALGIE LATERALE DU COUDE.

Un article complet vous sera proposé mais sachez déjà que l’utilisation de ces 2 techniques en alternance, sur la pathologies chronique, donne des résultats souvent supérieurs.

 

CONCLUSION 

Utiliser la thérapie laser sur les épicondylites s’avère un traitement des plus pertinents.

Les avantages sont indéniables :

  • Action indolore
  • Traitement rapide (moins de 15 mn)
  • Des résultats très intéressants sur cette pathologie difficile

L’association laser et l’utilisation des têtes de contact permettant une action manuelle, sera un atout indispensable pour traiter cette pathologie.

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un médecin.

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Auteur : Bernard BONTHOUX, Ostéopathe DO – MKDE

Consultant Chattanooga/DJO pour le Laser

 

Sources / Illustrations : DJO France - Bernard BONTHOUX

Bibliographie :

  1. The effectiveness of therapeutic class IV (10 W) laser treatment for epicondylitis, Lasers Surg Med. 2013 Jul, Roberts DB, Kruse RJ, Stoll SF.
  2. Long term effects of high intensity laser therapy in lateral epicondylitis patients, Lasers Med Sci. 2016 Feb, Akkurt E, Kucuksen S, Yılmaz H, Parlak S, Sallı A, Karaca G
  3. Class 4. non-invasive laser therapy in clinical rehabilitation, Rehabil. fyz. Lék., Prouza O, Jeníček J, Procházka M.
  4. Effectiveness of high-intensity laser therapy and splinting in lateral epicondylitis; a prospective, randomized, controlled study, Lasers Med Sci. 2015 Apr, Dundar U, Turkmen U, Toktas H, Ulasli AM, Solak O.
  5. Comparison of High Intensity Laser and Epicondylitis Bandage in the Treatment of Lateral Epicondylitis, Arch Rheumatol, Salli A, Akkurt E, Izki AA, Şen Z, Yilmaz H.
  6. Short-term Efficacy Comparison of High-intensity and Low-intensity Laser Therapy in the Treatment of Lateral Epicondylitis: A Randomized Double-blind Clinical Study, Arch Rheumatol, Kaydok E, Ordahan B, Solum S, Karahan AY.