Intérêt des Ondes de Choc Radiales dans le traitement des douleurs myofasciales
Le champ d’application des Ondes de Choc Radiales ou Radial Pression Wave (RPW) s’est énormément élargi ces 20 dernières années (pathologies tendineuses, structures associées, muscles, aponévroses, etc.), notamment depuis les études des biologistes sur les effets des Ondes de Choc Radiales sur le tissu humain (stimulation de la cellule vasculaire, augmentation des échanges cellulaires, stimulation des cellules souches, etc.) qui ont permis d’appréhender les traitements des Ondes de Choc Radiales sur les douleurs myofasciales.
De plus, l’étroite collaboration entre chercheurs, thérapeutes et constructeurs a contribué à l’évolution et l’amélioration de ce matériel.
RAPPELS ANATOMIQUES
Syndrome myofascial
Le Syndrome myofascial douloureux est une perturbation fonctionnelle douloureuse et réversible de l’appareil locomoteur dont l’origine se trouve et se maintient dans un ou plusieurs points trigger myofasciaux. (Jan De Laere).
Il se caractérise par : une douleur, une faiblesse musculaire, une restriction de mobilité, des phénomènes neuro végétatifs.
Points Trigger
Un point Trigger est une zone très sensible, douloureuse, hyper-irritable, d’une grandeur de quelques millimètres, localisé dans un muscle strié ou dans son fascia. (Fig 1)
[caption id="attachment_752" align="aligncenter" width="365"] fig 1. Points Trigger[/caption]
Souvent latent, ce nœud musculaire provoque une raideur ou une restriction dans les activités normales.
S’il est activé, il entraine une douleur, une faiblesse musculaire, voire des pertes d’équilibre.
Des Points Trigger Associés (PTrA) peuvent se développer dans le muscle agoniste PTr primaire, dans l’antagoniste PTr secondaire.
Des Points trigger de fixation situés au niveau des insertions tendineuses peuvent être présents. Ils sont très fréquents et empêchent le traitement efficace des points trigger musculaires.
Au niveau biologique (Fig. 2)
La douleur myofasciale est supposée provenir d’une augmentation anormale de la production et de la libération d’acétylcholine qui induit une dépolarisation prolongée de la membrane de la fibre musculaire et provoque éventuellement une libération continue et une absorption de l’ion calcium.
Tout cela provoque une ischémie musculaire en raison du raccourcissement des sarcomères et de la libération de substances sensibilisantes (substance P, bradykinine, peptide liée au gène de la calcitonine).
Le cercle vicieux est activé lorsque les nocicepteurs sont sensibilisés et que l’ischémie musculaire est aggravée.
[caption id="attachment_751" align="aligncenter" width="853"] fig 2. Pathogénèse des PointsTrigger Myofasciaux[/caption]
TRAITEMENT DES DOULEURS MYOFASCIALES ET POINTS TRIGGER
On intègre la thérapie Ondes de Chocs dans le syndrome de la douleur myofasciale afin de la soulager :
- en diminuant la concentration de substances P apparentées à la douleur
- en favorisant l’angiogenèse
- en augmentant la perfusion dans les tissus ischémiques
Il est indispensable de traiter ces douleurs myofasciales et trigger points qui pourraient à long terme entrainer une altération structurel irréversible dans le muscle.
Comme tout traitement, il sera précédé d’un bilan kinésithérapique précis qui déterminera les différents points trigger ainsi que les douleurs référées. Il éliminera également d’éventuelles contre-indications afin d’adapter le mieux possible notre démarche thérapeutique.
Le traitement par Ondes de Chocs Radiales nécessite une méthodologie systématique (traitement local puis étendu).
Traitement des Trigger Points
Il convient de toujours traiter la blessure ou cause principale.
Par exemple, dans le cas d’une tendinopathie calcanéenne, si l'on ne traite que les points douloureux du triceps sural, la diminution de la douleur ne sera que temporaire car le facteur dominant reste le tendon lésé.
Position du patient (Fig. 3)
[caption id="attachment_754" align="aligncenter" width="650"] Fig. 3 - Traitement des points Trigger sur triceps sural[/caption]
Le patient est placé dans une position de détente, les muscles affectés légèrement étirés (pré-tension).
Plus l'intensité de la douleur et la sensibilité musculaire sont élevées, moins l'étirement est nécessaire.
Tissus cibles
Le traitement par Ondes de Choc Radiales est appliqué aux points Trigger actifs, ainsi qu'aux points Trigger satellites dans la zone de douleur référée (Travell et Simons).
Le traitement des tendinopathies d'insertion qui peuvent se présenter sous forme de points Trigger de fixation (Travell et Simons) est également particulièrement important.
Technique d'application
1. Petits mouvements circulaires sur le point Trigger jusqu'au soulagement de la douleur. |
2. Appliquer une pression de contact ferme afin de comprimer la couche sous-cutanée en raison de la profondeur de pénétration maximale d'environ 5-6 cm. |
3. Maintenir la pièce à main perpendiculairement à la surface du muscle pour obtenir la distance le plus petit possible par rapport à la zone ciblée. |
ATTENTION
o En cas de proximité de tissus vulnérables (tissu pulmonaire, nerf sciatique etc..), les Ondes de Choc Radiales doivent être appliquées tangentiellement aux structures vulnérables. o L'application directe sur les os ne provoque pas de blessure ni de dommage, mais elle peut causer une gêne sévère. |
Transducteurs
Les émetteurs les plus couramment utilisés pour le traitement des points Trigger sont les D20-S Oscillateur Standard; D20-T Oscillateur Or ; D35-S Oscillateur Large.
De petits points Trigger sont généralement traités avec des émetteurs de 10 mm (R040 Beam DI15 Deep Impact; R15) .
[caption id="attachment_768" align="aligncenter" width="146"] Transducteur RO40 Beam impact 15 mm Rouge[/caption]
[caption id="attachment_769" align="aligncenter" width="157"] Transducteur R15 impact 15 mm Noir[/caption]
Intensité
Traitement des Points Trigger : de 1 à 5 bars | o En fonction de la taille de l'émetteur RPW
o En fonction de l'évaluation de l'intensité de la douleur par le patient (ne doit pas dépasser les scores 6 à 8 sur l'échelle EVA). |
Fréquence | o Entre 4 et 20 Hz
o En général, les fréquences plus élevées semblent être plus tolérables que les basses fréquences (15 à 20 Hz). |
Nombre d'impulsions par point Trigger | o Dépend du degré de soulagement de la douleur envisagé. L'objectif est de réduire la douleur d'au moins 50 % par rapport à la valeur de référence.
o Des impulsions d'environ 300-1000 RPW seront nécessaires pour atteindre cet objectif. o Lorsque le niveau de réduction de la douleur souhaité a été atteint, le traitement se poursuit de la même manière sur le point Trigger suivant. |
Nombre d'impulsions RPW par séance | o Dépend de l'état du patient.
o Le nombre total d'impulsions : 6000 à 10000 en fonction de la surface de traitement, réparties entre le traitement local et le traitement des grands muscles. |
Traitement des grands tissus musculaires
En plus du traitement local des points Trigger, il est recommandé de traiter également les grands tissus musculaires dans le sens des fibres musculaires par des ondes de choc radiales.
Le traitement des grands muscles est généralement effectué à l'aide d'émetteurs de chocs grand diamètre (D20 ; D35).
Deux techniques différentes peuvent être utilisées :
SMOOTHING | o Les Ondes de Choc Radiales sont appliquées à une pression de traitement faible (1,2 à 2,0 bars) et à une fréquence de 10-20 Hz
o La pièce a main est à déplacer lentement sur la surface de la peau dans la direction des fibres musculaires – du distal vers le proximal o Pas de pression manuelle – pas d’interruption – gel
[caption id="attachment_755" align="aligncenter" width="444"] Fig. 4 - D-Actor smoothing sur Ischio jambiers[/caption] |
STAMPING | o Les paramètres de traitement et le sens d'application sont les mêmes que pour le lissage musculaire
o Pression basse (1,2 à 4 bars) ; fréquence : 10 à 20 Hz o Déplacer la pièce à main du distal vers le proximal o 30 à 50 chocs sur un point – puis déplacer de la largeur de la tête pour une nouvelle application o Laisse souvent des marques temporaires sur la peau [caption id="attachment_756" align="aligncenter" width="431"] Fig. 5 - D-Actor stamping sur quadriceps[/caption] |
Le traitement des grands muscles peut être effectué à la fois sur les muscles douloureux et sur leurs antagonistes. Dans ce dernier cas, il réduit le tonus musculaire du muscle douloureux en raison de l'inhibition réciproque.
Les muscles extrêmement sensibles doivent d'abord être traités par la technique des grandes surfaces car une thérapie locale des points Trigger avec des pressions élevées peut provoquer une douleur excessive.
Nombre d'impulsions Ondes de Choc Radiales :
En fonction de l'intensité de la douleur et de la taille des muscles et des groupes de muscles, vous appliquerez 500 à 6000 impulsions. Par exemple certaines parties du corps telles que quadriceps, ischio-jambiers, glutéaux, triceps sural nécessitent 6.000 impulsions.
Traitement « spécifique » du fascia avec les Ondes de Choc Radiales
Ces derniers temps des applicateurs spécifiques (Peri-Actor© ; Spine-Actor© ont vu le jour. (Fig.6 ; 7 ; 8 ; 9)
Ils permettent de traiter de façon adaptée les différents fascias aussi bien superficiels que profonds, ainsi que les muscles paravertébraux.
Le but de ces transducteurs est de libérer les adhérences des fascias en émettant des ondes de choc tangentiellement aux tissus au lieu de verticalement afin d’optimiser les mouvements entre les différentes couches de tissus
Ils possèdent tous une spécificité et ne doivent être utilisés qu’à des pressions inférieures à 3 bars.
[caption id="attachment_757" align="aligncenter" width="429"] Fig.6 - Knuckle Peri-Actor® sur Ischio Jambiers[/caption]
[caption id="attachment_758" align="aligncenter" width="434"] Fig. 7 - Scraper Peri-Actor® sur fascia mollet[/caption]
[caption id="attachment_759" align="aligncenter" width="447"] Fig. 8 - Scraper Peri-Actor® sur fascia cervical[/caption]
[caption id="attachment_760" align="aligncenter" width="449"] Fig. 9 - Spine-Actor® sur paravertébraux dorsaux[/caption]
PRINCIPES DE TRAITEMENT POUR LE TRAITEMENT PAR ONDES DE CHOC RADIALES
Nombre de séances | Cela dépend de deux facteurs :
· L'indication · La réponse des tissus
En général, 3 à 6 traitements sont nécessaires. Au moins 85 % des symptômes devraient être résolus à l’issue du 3ème traitement. Quelques séances supplémentaires peuvent être nécessaires pour traiter les douleurs myofasciales récalcitrantes. Une amélioration de la fonction et un soulagement de la douleur sont attendus après le premier traitement. |
Fréquence
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Pour le traitement des douleurs myofasciales, des points Trigger :
· Lésions aigues : 1 à 2 fois par semaine · Lésions chroniques : en général 3 à 10 sessions à raison de 1 fois par semaine |
Dosage | Il doit être adapté au patient. |
CONCLUSION
Ce qu’il faut retenir :
- Les ondes de choc radiales sont de plus en plus employées en kinésithérapie et l’évolution du matériel à contribué à l’amélioration des résultats.
- Les ondes de choc radiales sont devenues une aide indéniable dans le traitement de douleurs myofasciales.
- L’efficacité du traitement dépendra de la précision du bilan kinésithérapique et de la rigueur d’application des ondes de choc radiales.
- Cependant, les critères d’utilisation doivent maitrisés par le thérapeute, d’où la nécessité d’une formation adaptée.
La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un médecin.
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Auteur : Thierry ALLAIRE, Kinésithérapeute du Sport – MKDE Le Havre.
Consultant Chattanooga/DJO pour les Ondes de Choc.
Sources / Illustrations : DJO France