ANATOMIE FONCTIONNELLE

L’enthésopathie haute des ischio-jambiers se manifeste habituellement par une douleur d’apparition progressive siégeant à la jonction fesse-cuisse.
Les premières descriptions de ce type de pathologie remontent à plus de 20 ans (De Labareyre). Elles intéressaient principalement les coureurs de haies (hurdler-tigh).
Le diagnostic est essentiellement clinique et la multiplicité des tests cliniques permettra d’orienter plus précisément le diagnostic.
Si nécessaire, une IRM pourra préciser le diagnostic. Plusieurs types d’anomalies isolées ou associées peuvent être observées : anomalie de l’interface ostéo-tendineuse ; réaction œdémateuse intra osseuse ; épaississement et remaniement tendineux…
Le traitement est essentiellement rééducatif et une large part est donnée aux Ondes de Choc Radiales qui permettent d’améliorer la qualité du processus de cicatrisation et d’aborder plus précocement la phase de rééducation active.

Rappels anatomiques

Les ischio-jambiers s’insèrent par un tendon commun sur la tubérosité ischiatique (Fig 1).
Ils se composent de deux couches :
- Une couche superficielle composée du biceps crural et du semi-tendineux
- Une couche profonde avec le semi-membraneux
Il existe un rapport étroit entre la partie proximale du tendon et le nerf grand sciatique.

[caption id="attachment_61" align="aligncenter" width="163"] Fig.1[/caption]

PHYSIO-PATHOLOGIE

Anamnèse

Nous retrouvons ce type de pathologie chez les sportifs pratiquant des séances de fractionnés (coureurs de demi-fond de bon niveau), des sports de vitesse pure, ainsi que dans les sports où les ischio-jambiers sont soumis à des étirements violents et rapides (gardien de but au handball).
Dans tous les cas, c’est l’alternance des phénomènes de contractions concentriques et excentriques qui est à l’origine de ces lésions de surmenage, la recherche de vitesse augmentant systématiquement les contraintes biomécaniques. Le symptôme le plus fréquent correspond à une douleur au niveau de la jonction fesse-cuisse, d’apparition progressive, réveillée par l’entrainement ou la position assise sur un plan dur. Cette douleur de fesse irradie le plus souvent jusqu’à la partie moyenne de la cuisse. Elle correspond à une projection de douleur d’enthèse associée à une contracture musculaire secondaire des ischio-jambiers. Parfois le mode de début peut être pseudo-traumatique.

Examen Clinique

L’examen clinique comprend un certain nombre de tests non spécifiques, mais la positivité de l’ensemble d’entre eux permet d’évoquer le diagnostic. La palpation de la tubérosité ischiatique (face postéro-latérale) peut être soit très douloureuse, soit uniquement sensible.
– En décubitus ventral :
• Contraction isométrique des ischio-jambiers en course externe douloureuse
– En décubitus dorsal :
• Élévation jambe tendue : limitation douloureuse par rapport au côté controlatéral par étirement des ischio-jambiers.
• Le test isométrique hanche et genou à 90° (Fig. 2) déclenche une douleur à la partie basse de la fesse avec une irradiation plus ou moins étendue à la partie haute de la cuisse.
– En position debout :
• La flexion antérieure du tronc (Fig. 3), genoux tendu, peut réveiller la douleur fessière ou celle de la face postérieure de la cuisse par simple étirement.
• Le test du « tiré » (Fig. 4) ainsi que le test du « frotté » (Fig. 5) peuvent déclencher la douleur par travail actif contre résistance des ischio-jambiers.

[caption id="attachment_63" align="aligncenter" width="364"] Fig.2[/caption]

[caption id="attachment_64" align="aligncenter" width="300"] Fig.3[/caption]

[caption id="attachment_65" align="aligncenter" width="365"] Fig.4[/caption]

[caption id="" align="aligncenter" width="365"]ff Fig.5[/caption]

 

TRAITEMENT ONDES DE CHOC

Les Ondes de Choc Radiales ont largement amélioré les possibilités thérapeutiques et permis une reprise sportive plus rapide et dans de meilleures conditions. Il comprend en général 5 à 6 séances espacées de 4 à 7 jours. 2 positions sont habituellement utilisées :

Position décrite par De Labareyre : Patient en décubitus ventral, légère flexion active du genou. Repérage palpatoire (Fig. 6) de l’insertion haute des ischio-jambiers sur la tubérosité ischiatique.

Appliquer les ODCR (Fig. 7) en roulant sur le tendon des Ischio-jambiers au niveau de son insertion haute. Transducteur R15 ; fréquence : 9 Hz à 10 Hz ; pression 2,4 à 3 bars ; 2000 chocs ; pression manuelle appuyée.

 

[caption id="attachment_67" align="aligncenter" width="365"] Fig.6[/caption]

[caption id="attachment_67" align="aligncenter" width="363"] Fig.7[/caption]

 

Position décrite par Cacchio : patient en décubitus dorsal, flexion de hanche 90°, flexion de genou 90° pied reposant sur l’épaule du thérapeute. Repérage manuelle de l’insertion haute des ischio-jambiers (Fig. 8). Application des ODCR (Fig. 9) : transducteur R15 ; fréquence : 9 Hz à 10 Hz ; pression 2,4 à 3 bars ; 2000 chocs ; pression manuelle modérée.

 

[caption id="attachment_70" align="aligncenter" width="366"] Fig.8[/caption]

[caption id="attachment_69" align="aligncenter" width="366"] Fig.9[/caption]

PLUS LOIN AVEC CHATTANOOGA

Deep impact

Cette tête dite « focalisée » (Fig. 10) permet de concentrer les ODCR et de développer une énergie plus élevée dans une fenêtre plus étroite. Ce type d’applicateur très efficace peut être utilisé dans le cas présent.

[caption id="attachment_71" align="aligncenter" width="365"] Fig.10[/caption]

D20 ; D35 D-Actor :
Activation musculaire (Fig. 11) (couplage ODCR/infrasons) sur contracture réflexe des ischio-jambiers et sur les muscles fessiers. 15 Hz ; 2 à 3 bars ; 2500 à 3000 chocs.

 

[caption id="attachment_72" align="aligncenter" width="365"] Fig.11[/caption]

V-Actor (V40):
Massage décontracturant par infrasons sur ischio-jambiers (Fig. 12) et muscles fessiers.
30 à 35 Hz ; 2,4 à 3,4 bars ; 3000 à 4000 chocs.

[caption id="attachment_73" align="aligncenter" width="365"] Fig.12[/caption]

TRAITEMENTS COMPLÉMENTAIRES

KINÉSITHÉRAPIE

Les ODCR peuvent être utilisées soit seules et/ou en complément d’autres techniques rééducatives

Avant

  • Normalisations articulaires (pied, cheville, genou, hanche, bassin, rachis).
  • Etirements doux, progressifs et infra-douloureux, des ischio-jambiers
  • Renforcement musculaire excentrique sous-maximal infra-douloureux dans une course moyenne au début, puis en allant vers la course externe.
  • Renforcement musculaire isocinétique notamment en excentrique.

Après

  • Massages décontracturants des Ischio-jambiers et des fessiers.
  • Electrothérapie (courants de capillarisation).

En alternance

  • Massage transverse profond (MTP) : souvent de réalisation difficile dans ce type de pathologie.

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un  médecin.

Pour plus d’informations sur les solutions thérapeutiques proposées, cliquez ICI.

 

Auteur: Thierry ALLAIRE, Kinésithérapeute du Sport – MKDE Le Havre