PRISE EN CHARGE DES DOULEURS CHEZ LE PATIENT ATTEINT DE CANCER AVEC LA TENS !
Entretien avec Florine Chateauneuf, infirmière ressource douleur du Centre régional de lutte contre le cancer Georges-François Leclerc qui nous fait l'honneur de partager sa pratique quotidienne de la TENS.
C’est au micro de Caroline Bindel (journaliste) que Florine Chateauneuf répond à nos questions !
Pour écouter notre podcast : https://bit.ly/3Jt1ezP
Pour plus de renseignements : www.cefartens.fr
Bonjour !
Merci d'être à notre micro aujourd'hui pour mettre en lumière la prise en charge de la douleur chez le patient en oncologie via la TENS.
Dans un premier temps, je vais vous demander de présenter le centre Georges François Leclerc de Dijon, où nous enregistrons aujourd'hui.
Le Centre Georges François Leclerc est un centre de lutte contre le cancer. Il fait partie des 18 centres qui existent sur le territoire en France et il couvre toute la région Bourgogne-Franche-Comté. Il est spécialisé dans la prise en charge des cancers chez l'adulte, sauf les cancers en hématologie qui ne sont pas traités ici.
Pouvez-vous faire un rappel sur les différentes typologies de douleur qui touchent un patient pris en charge pour un cancer ?
Il y a toujours les douleurs par excès de suspensions qui peuvent être d'origine mécanique ou inflammatoire. Il y a également les douleurs dites neuropathiques. Très souvent dans le cancer, on présente des caractéristiques de douleurs dites mixtes, c'est à dire une association de ces douleurs par excès de suspension et de ces douleurs neuropathiques. Il ne faut pas négliger l'impact psychologique du cancer et de ses douleurs.
Vous êtes amenée au quotidien à traiter la douleur de personnes malades. Et si l'on connaît désormais l'efficacité de la thèse sur les douleurs neuropathiques musculaires, pouvez-vous nous confirmer qu'elle est également une solution palliative efficace pour les douleurs engendrées par les traitements médicamenteux et la maladie en elle-même ?
La TENS fait partie d'un arsenal thérapeutique qui va exister et être proposée pour la prise en charge des douleurs chez nos patients. Elle intervient principalement sur des douleurs localisées, sur la maladie en elle-même, mais aussi sur les métastases. On va aussi pouvoir l'utiliser pour soulager les effets indésirables liés aux traitements.
Pouvons-nous dire que dans votre pratique quotidienne, la thèse a une place désormais importante ?
La TENS a une place dans ma pratique. Est-ce qu'elle a une place importante dans ma pratique quotidienne sur la prise en charge des douleurs cancéreuses ? Je ne saurai pas l'exprimer, mais en attendant, elle a sa place.
Quelles sont les limites de cet outil ?
Une des plus grandes limites de cet outil est la capacité aux patients de pouvoir se l'approprier. Concernant ses capacités, cela peut être des capacités physiques (pouvoir le manipuler), des capacités cognitives (pouvoir le régler). Tout ce qui est en lien avec le placement des électrodes va être une des plus grandes limites de l'utilisation de la TENS.
Et il y a des formations pour ça ?
Il existe des formations pour les patients ainsi que pour le personnel. Le patient est formé à la mise en place du traitement par une infirmière ressource douleur. Ces infirmières ont la possibilité d'être formées par des organismes extérieurs qui proposent des formations sur la TENS.
Est-ce que vous rencontrez des réticences de la part des patients au sein de votre service ?
Il y a toujours des réticences des patients parce qu'un patient n'adhère jamais au premier abord à 100% à un traitement. Les réticences sont sur le manque d'efficacité, sur la peur de ne pas savoir utiliser le neurostimulateur. Il n'y a rien de très bloquant.
Et du côté de l'équipe soignante ?
Du côté de l'équipe soignante, il n'y a pas de réticences. Je ne peux pas dire que les soignants vont dire non à ce genre de traitement car ils les investissent peu finalement.
Quel recul a-t-on aujourd'hui sur l'utilisation de la TENS chez les personnes atteintes de cancer ?
La TENS peut être un outil complémentaire très intéressant dans la prise en charge des douleurs d’un patient porteur d'un cancer. Que ce soit chez un patient qui a des douleurs cancéreuses ou non cancéreuses, si le traitement est adapté, s'il apporte un soulagement, on va le prioriser par rapport à un autre traitement, parce qu'il a peu d'effets indésirables.
Y a-t-il des contre-indications à la place de la TENS dans ce type de pathologie ?
Il y a peu de contre-indications.
Et en cas de métastases, il y a-t-il des précautions à prendre ?
Ici, nous ne connaissons pas de contre-indication particulière sur l'application de la TENS en lien avec une douleur sur métastase ou sur une localisation liée aux métastases. Après, c’est une question de bon sens. C'est à dire que si on a une métastase cutanée qui va faire que la peau est lésée, on ne pourra pas appliquer la TENS.
Florine, existe-t-il un risque de propagation des cellules cancéreuses liées à l'application de la TENS ?
A ma connaissance, non. Il n'y a pas de risque de propagation de cellules cancéreuses par de l'électrostimulation.
Existe-t-il des recommandations sur l'utilisation de la TENS dans le cadre de la prise en charge des douleurs séquellaires ?
A ma connaissance, non. Je ne connais pas les recommandations particulières sur l'utilisation de la TENS et des douleurs cancéreuses.
Est ce qu'il existe des études sur la prise en charge de la douleur du patient atteint de cancer avec la TENS ?
Il a été fait une étude dans les années 2012 sur cette utilisation. Il n'y a pas d'études récentes sur la prise en charge de la douleur en cancérologie et de la TENS. En revanche, au-delà des études, je pense qu'on peut dire que quand c'est un traitement qui est adapté, qui est bien utilisé, qui est bien compris, il peut apporter son efficacité et avoir des retours positifs avec des patients qui vont adhérer et être soulagés complètement par ce traitement.
Alors on va essayer d'être très concret pour celles et ceux qui nous écoutent en toute transparence. Je vous partage maintenant des questions que de nombreux prescripteurs en CETD (centre d’évaluation de la douleur) au niveau national se posent quant à l'utilisation de la TENS en oncologie.
Parmi les effets secondaires de la chimiothérapie, vous citez les neuropathies périphériques, donc au niveau des mains et/ou des pieds. La TENS est-elle efficace sur ce type de problématique ?
Du fait de la symptomatologie et de la topographie des douleurs neuropathiques induites par les chimiothérapies, la TENS est difficile à mettre en place. Il sera difficile d'évaluer une éventuelle efficacité.
Est-ce que la TENS peut être prescrite par l'oncologue ?
Oui, tout médecin peut prescrire. Cependant, si c'est prescrit par l'oncologue, il n'y aura pas assez de prise en charge par la sécurité sociale. Il est alors préférable que ce soit prescrit par un médecin spécialisé ou avec une spécialisation en douleur.
Est-ce que vous avez un retour d'expérience à nous partager concernant l'éducation thérapeutique des patients, à propos de l'utilisation de la TENS ?
Peut-être pas un retour d'expérience mais notre fonctionnement ici. Nous fonctionnons de manière individuelle. Le patient, nous lui consacrons un temps assez important pour pouvoir l'éduquer au fonctionnement de son traitement. Cela se fait soit dans une salle de consultation, soit au lit du malade. Notre but est vraiment de s'assurer qu'il a adhéré, qu'il a compris le traitement pour qu’il puisse se l’approprier. Nous n’avons pas de retour négatif, ce sont souvent les médecins qui les revoient en consultation qui vont savoir s'ils ont fait une bonne observance de leur traitement.
Concernant celles et ceux qui ont adhéré, avez-vous constaté des abandons parfois ?
Bien sûr, il y a toujours des abandons.
Pour quelles raisons ?
Il y a beaucoup de raisons. Déjà, si nous pensons que le traitement peut être efficace au patient, mais qu’il ne pense pas que cela soulage ses douleurs. Il n’adhérera pas forcément si ce n’est pas adapté à son style de vie et que l'électrode va se décoller ou le fil va le gêner. Forcément, il va avoir tendance à dire qu’il ne va pas adhérer à ce traitement parce que c'est plus une contrainte qu'une solution.
Qu'est-ce qu'on pourrait faire de mieux pour limiter ses abandons ?
Travailler sur les électrodes et sur le modèle de l'appareil. Je pense que la TENS est un traitement qui est quand même plutôt récent. Il y a déjà une belle évolution entre les appareils que nous avons vu avant et ce que nous voyons maintenant. Il ne faut pas arrêter ce genre d'évolution là, que ce soit sur les électrodes ou sur les appareils.
Alors une belle évolution, mais quelles améliorations on pourrait encore apporter selon vous ?
Quelque chose de plus ergonomique, quelque chose de plus pratique, peut-être quelque chose où il n'y a pas de notion d'électrodes jetables ?
A bon entendeur.
Merci beaucoup Florine.
Avec plaisir !
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