Anciennement appelé « Algoneurodystrophie ou maladie de Südeck », le Syndrome Douloureux Régional Complexe (SDRC) est un état pathologique caractérisé par un syndrome associant des douleurs et d’autres symptômes touchant typiquement une extrémité après un traumatisme ou une intervention chirurgicale même minime. Le SDRC touche plus les femmes que les hommes (3 à 4 femmes pour 1 homme).

Il se développe le plus souvent dans les semaines qui suivent un traumatisme ou un accident vasculaire cérébral. Le traitement doit être précoce. L’évolution est souvent longue mais le pronostic favorable dans environ 75% des cas. On retrouve fréquemment associé à la douleur, l’œdème, des troubles trophiques, la raideur articulaire, des troubles vasomoteurs, une hypersudation.

Avant les années 2000, on attribuait l’ensemble de ces manifestations au dérèglement du système sympathique. On admet désormais que sa responsabilité se limite au maintien de la douleur et aux troubles vasomoteurs. Les études menées depuis considèrent que nous sommes en présence d’une réaction inflammatoire (pic de cytokine) disproportionnée par rapport à la lésion initiale.

La rééducation se concentrera sur la restauration fonctionnelle en luttant activement contre la douleur et l’enraidissement articulaire. Grâce aux programmes antalgiques et plus précisément la TENS*, l’électrothérapie trouvera une place de choix dans le traitement de la douleur.

 

ZOOM SUR LA MODALITE TENS

Avant de développer le protocole d’électrothérapie pour le SDRC, il n’est pas inutile de faire un rappel sur le TENS et ses modalités d’application. La TENS ou Gate Control* a été mis en évidence par MELZACK et WALL dans les années soixante. Le terme TENS est un anglicisme issu de « Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation » traduit en français par Neurostimulation Electrique Transcutanée. Cela désigne une méthode de soulagement de la douleur réalisée à l’aide d’un appareil délivrant un courant électrique transmis à travers la peau par des électrodes autocollantes positionnées sur la peau. Il cible la stimulation des fibres nerveuses Aβ (fibres de la sensibilité superficielle ou tact fin).

Comment fonctionne le TENS ?

Les principes du TENS sont très simples. La douleur afférente, remonte au cerveau par la corne postérieure de la moëlle épinière, seul accès commun pour toutes les informations sensitives.

En provoquant des stimulis, paresthésies sous forme de fourmillements ou picotements sur la zone douloureuse par l’intermédiaire d’électrodes de surface, le programme TENS va bombarder la corne postérieure de ces informations et shunter le message douloureux ou l’atténuer. C’est la théorie du Gate Control. On ferme la porte d’entrée aux afférences douloureuses.

 

L’effet de la TENS « Gate Control » est donc le soulagement de la douleur par réduction du nombre d’informations nociceptives capables de rejoindre les structures centrales.

De façon théorique, cet effet antalgique est obtenu rapidement voire instantanément, mais cesse dans les mêmes conditions dès la fin de l’arrêt de la stimulation. Dans la pratique, il n’en est pas toujours ainsi, certaines douleurs peuvent parfois n’être soulagées qu’après une quinzaine ou vingtaine de minutes de stimulation de type TENS. De la même façon, la douleur ne réapparaît pas dès l’arrêt du traitement, mais après une durée variable de quelques minutes à plusieurs heures.

 

Caractéristiques du TENS – Paramètres Electriques

La durée d’impulsion moyenne de la fibres nerveuse Aβ appelée « Chronaxie » est de 50µs.

Sur le dessin ci-dessous, vous trouverez la forme de l’impulsion rectangulaire, biphasique, compensée et symétrique. Ce type d’impulsion va permettre de travailler même sur du matériel d’ostéosynthèse sous-jacent.

Les fréquences utilisées varient de 80HZ à 100HZ.

Les programmes TENS se présentent sous deux formes, paramètres fixes et paramètres variables (les largeurs d’impulsion et les fréquences varient tout au long du soin). Les deux sont aussi efficaces, il faut juste trouver celui qui conviendra au patient.

 

Programmes aux Paramètres Fixes

  • 1 ou Hyperalgique dont la largeur d’impulsion est de 30µs
  • 2 ou Classique largeur de 50µs
  • 3 ou puissant largeur de 70µ
  • TENS 80HZ largeur 180µs

Programmes aux Paramètres Variables

  • TENS modulé fréquence variation entre 50 et 150HZ
  • TENS modulé largeur variation entre 70 et 180µs

 

POURQUOI LA TENS EST LE TRAITEMENT DE CHOIX DU SDRC ?

Cette pathologie mérite un éclairage particulier puisque la TENS a un mode d’action complémentaire qui est tout à fait intéressant.

En effet, les fibres Aβ sont inhibitrices du système orthosympathique dont l’hyperactivité est responsable de la vasoconstriction et de la douleur ainsi que de son cortège de conséquences délétères qui résultent de cette situation.

Il est tout à fait essentiel de limiter la stimulation aux seules fibres Aβ en utilisant des durées d’impulsions de très courtes durées (30 µs – programme TENS Hyperalgique du neurostimulateur transcutané de DJO France) pour ne pas risquer de stimuler d’autres fibres nerveuses pouvant au contraire activer le système orthosympathique.

Appliquer un TENS sur un patient souffrant d’une algoneurodystrophie permet donc d’agir à deux niveaux :

  • Soulager la douleur en limitant la transmission des informations nociceptives
  • Inhiber l’hyperactivité du système nerveux orthosympathique.

C’est une action bénéfique qui n’est pas seulement palliative.

 

REGLES PRATIQUES DU TENS DANS LE SYNDROME DOULOUREUX REGIONAL COMPLEXE

Choix du programme

Les appareils proposent plusieurs programmes TENS. Lequel choisir ?

Il faut utiliser en priorité le programme à paramètres fixes dit « Hyperalgique”. Pourquoi ?

Il présente les paramètres électriques les plus confortables (largeur d’impulsion minimale).

Il s’adresse aux personnes particulièrement sensibles ce qui est le cas chez les patients atteints par le SDRC. Ne pas oublier que ce syndrome présente une forte douleur locale et que toute autre stimulation pourrait être ressentie comme agressive et provoquer un effet contraire à celui recherché au départ.

Il est possible également de choisir la TENS à paramètres variables dit “modulé”.

 

Placement des électrodes

Il présente une particularité par rapport au positionnement classique de la TENS.

Tout d’abord, il faut placer deux ou quatre grandes électrodes si possible sur la région douloureuse. Le nombre et la taille des électrodes dans ce placement sera fonction de la morphologie du patient.

Ensuite, il faudra placer deux petites électrodes obligatoirement sur le tronc nerveux en amont de la douleur et accessible selon la pathologie :

SDRC de l’épaule tronc nerveux situé au niveau du creux sus claviculaire
SDRC du poignet/main/coude tronc nerveux situé au niveau du creux axillaire
SDRC du genou tronc nerveux situé au niveau du pli inguinal
SDRC du cheville/pied tronc nerveux situé au niveau du creux poplité

 

[caption id="attachment_574" align="aligncenter" width="340"]Exemple de positionnement classique pour un SDRC du poignet Exemple de positionnement classique pour un SDRC du poignet[/caption]

Réglage des intensités

Compte tenu du placement des électrodes décrit ci-dessus, on va donc utiliser au moins deux canaux pour réaliser son traitement.

  • 1, 2 ou 3 canaux pour la zone douloureuse
  • 1 canal obligatoirement sur le tronc nerveux correspondant

Il faut impérativement monter d’abord les intensités sur le canal où sont placées les électrodes du tronc nerveux.

Plus les intensités s’élèvent sur ce canal, plus le patient perçoit des fourmillements qui courent le long de son trajet nerveux. Dès la perception de paresthésies (fourmillements) au niveau de la zone douloureuse, on arête définitivement de monter les intensités sur ce canal.

Une fois le réglage précédent effectué, on passe au réglage du ou des autres canaux.

On monte les intensités jusqu’à percevoir des paresthésies (fourmillements) sous les électrodes de la zone douloureuse.

Si on change l’ordre d’installation des intensités, lors du réglage du canal tronc nerveux, il sera difficile au patient de ressentir le fourmillement au niveau de la zone douloureuse car on sera déjà en présence de picotements liés au réglage des autres canaux.

Attention : la TENS est une stimulation exclusivement sensitive. Si on augmente trop l’intensité, il est possible de déclencher une contraction musculaire. Cela est fortement contre-indiqué dans le SDRC car il y a un gros risque de générer une réponse inflammatoire.

Pour éviter une telle réaction, les appareils commercialisés par la division Rééducation de DJO France présentent une technologie avancée appelée Technologie Muscle Intelligence Mi-TENS.

 

 

Fréquence des séances

Comme dans la majorité des traitements d’électrostimulation antalgiques, il est nécessaire de proposer au moins 4 à 5 séances par semaine.

Ceci est encore plus vrai dans le traitement du SDRC. On conseille un soin si possible tous les jours.

La durée du traitement est variable et fonction du patient. Tant que les douleurs type inflammatoires persistent en journée et/ou la nuit, on doit poursuivre le TENS.

La TENS peut être appliquée une ou plusieurs fois par jour. A noter que la durée de la stimulation est de 20 minutes.

 

Position du patient

Le patient doit être dans la position la plus confortable possible. S’il s’agit d’une première fois pour lui, rassurez-le en lui indiquant que la TENS n’est pas un traitement désagréable et contraignant.

 

CONCLUSION

Ce qu’il faut retenir :

  • SDRC = réaction inflammatoire +++
  • Le choix du programme est important : TENS Hyperalgique
  • Le placement des électrodes est primordial, un canal sur le tronc nerveux
  • Traitement quotidien si possible, au moins 4 à 5 séances par semaine

 

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé au patient de consulter un médecin.

Pour plus d’informations sur la solution thérapeutique proposée, rendez-vous sur notre site internet dédié www.cefartens.fr.

 

*TENS :  Transcutaneous Electrical Nerve Stimulation

*Gate Control: Contrôle de la douleur

 

Auteur : Thierry SERENARI, Kinésithérapeute du Sport (Versailles) - Consultant Chattanooga/DJO pour l’Electrothérapie.

Sources / Illustrations :  DJO France

Bibliographie:

  • Etude: 5. Bilgili A, et al, 2016 The effectiveness of transcutaneous electrical nerve stimulation in the management of patients with complex regional pain syndrome: A randomized, double-blinded, placebo-controlled prospective study. J Back Musculoskelet Rehabil. 2016 Nov 21;29(4):661-671. 2016 Bilgili A, Çakır T, Doğan ŞK, Erçalık T, Filiz MB, Toraman F
  • The effectiveness of transcutaneous electrical nerve stimulation in the management of patients with complex regional pain syndrome: A randomized, double-blinded, placebo-controlled prospective study. Bilgili A, Cakir T, Dogan SK, Ercalik T, Filiz MB, Toraman F - Journal of Back and Muskulusketal Rehabilitation, Nov 2016.

 

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