pa aponévrosite plantaire

La souffrance de l’aponévrose plantaire ou du court fléchisseur plantaire survient en général chez les sportifs pratiquant la course et les sauts. Son diagnostic est avant tout clinique. L’échographie et l’IRM élimineront les nombreux diagnostics différentiels.

Le traitement, essentiellement rééducatif comprendra des Ondes de Choc Radiales, qui utilisées à bon escient, permettront d’améliorer le processus de cicatrisation et dans de nombreux cas et d’accélérer la reprise sportive.

 

ANATOMIE FONCTIONNELLE ET PHYSIOPATHOLOGIE

L’aponévrose plantaire est constituée de fibres longitudinales tendues du tubercule postéro-interne de la face inférieure du calcanéum à la face plantaire des articulations métatarso-phalangiennes.

 

Triangulaire à base antérieure, elle comprend 3 parties (interne, moyenne et externe) auxquelles sont annexées en profondeur les muscles intrinsèques du pied.

L’aponévrose plantaire fait partie du système Suro-Achilléo-Calcanéo-Plantaire (SACP) et assure un rôle de transmission des forces du triceps sural vers les orteils.

Certains facteurs biomécaniques tels que des troubles statiques de l’arrière-pied, une surcharge pondérale favorisent l’apparition d’aponévrosites plantaires.  D’autres facteurs comme des chaussures non adaptées et/ou des activités sportives mal conduites pourront aggraver la pathologie.

Cette pathologie touche en général 2 types de patients :

  • Les personnes de 50 - 60 ans avec une surcharge pondérale
  • Les sportifs pratiquant la course à pied ou des sports de sauts (basket-ball, handball, volley- ball, etc.) possédant un pied creux ou plat.

BILAN DIAGNOSTIC

Interrogatoire

Le patient se plaint de douleurs localisées sous le talon (infra-calcanéenne), irradiant parfois l’avant le long de l’arche interne. (fig.2)

Ces douleurs d’apparition progressive s’installent sur un intervalle de plusieurs semaines.

Elles sont de type mécanique : augmentées en station debout, à la marche, lors de la montée des escaliers et soulagées par le repos.

Dans les premiers temps, ces douleurs diminuent après un échauffement, mais elles peuvent devenir plus sévères, voire constantes et même entrainer une boiterie.

Parfois, le patient décrira avoir la sensation d’un « clou planté dans le talon ».

[caption id="attachment_523" align="aligncenter" width="330"]Fig. 2 : dissection cadavérique : aponévrose plantaire Fig. 2 - aponévrose plantaire (dissection cadavérique)[/caption]

 

Examen clinique

La palpation et la mise en tension de l’aponévrose plantaire et des orteils déclenche une douleur exquise. (fig : 3)

[caption id="attachment_534" align="aligncenter" width="650"] Fig. 3 - Mise en tension de l’aponévrose plantaire et repérage minutieux son insertion calcanéenne[/caption]

 

ATTENTION : Une douleur siégeant 1 ou 2 travers de doigts au-dessus de l’insertion peut être le signe d’une rupture partielle de l’aponévrose qui contre-indiquerait le traitement par ODCR (fig. 4).

Le point vert indique une insertion de l’aponévrose plantaire et le point rouge, siège habituel des ruptures de l’aponévrose plantaire.

La palpation des chaînes myofasciales postérieure et externe (SACP ; ischio-jambiers ; fessiers) recherchera d’éventuelles adhérences myofasciales et/ou Trigger Point qu’il sera nécessaire de traiter également.

 

Un bilan postural à la recherche d’éventuelles troubles statiques ou dynamiques favorisants complètera l’examen clinique.

Examens complémentaires

Radiographie
  • Permet de mieux visualiser les troubles statiques (pied creux, pied plat, varus ou valgus calcanéen…)
  • Peut mettre en évidence une « épine calcanéenne ». Cette épine calcanéenne ne représente pas l’élément responsable de la douleur aigue, mais reflète indirectement des phénomènes de tractions chroniques et prolongées sur les insertions de l’aponévrose plantaire et du muscle cour fléchisseur des orteils.
  • Elimine une fracture de fatigue du calcanéum, un ostéochondrose, etc.
Echographie
  • Utilisée par des mains expertes, elle permet d’éliminer, une bursite, un hématome, et surtout une rupture aponévrotique récente ou une désinsertion partielle de l’aponévrose.
IRM
  • Si besoin, elle permet d’éliminer toute incertitude diagnostique (rupture partielle d’aponévrose plantaire).

 

Diagnostics différentiels 

  • Rupture de l’aponévrose plantaire
  • Fracture de fatigue du calcanéum
  • Talonnade
  • Talalgie en couronne
  • Syndrome tronculaire du nerf calcanéen
  • Spondylarthropathie

 

TRAITEMENT

Le traitement se veut avant tout rééducatif.  Il comporte une association Ondes de Choc Radiales-Kinésithérapie, complétée par une diminution des sollicitations mécaniques.

Ondes de Choc Radiales

Avant de débuter tout traitement, il est nécessaire d’effectuer un examen clinique précis afin de poser un diagnostic kinésithérapique et de vérifier l’absence de contre-indication.

Le Traitement R-PW s’effectue en fonction du bilan clinique+++:

  • Soit en Traitement local isolé
    • Ondes de Choc Radiales sur insertion aponévrose plantaire R040 – DI15
    • Activation musculaire D20 – D 35 + vibration sur mollet V-Actor
  • Soit en Traitement global si douleur myofasciale associée
    • Traitement Myofascial + Trigger Point
    • Travail spécifique sur l’insertion de l’aponévrose plantaire

Le traitement par Ondes de Choc Radiales doit être expliqué au patient afin de l’impliquer et de minimiser ses craintes éventuelles (douleurs).

Si Traitement local isolé :

  • Il comprend en général 5 à 6 séances espacées de 6 à 7 jours.
  • L’évaluation des résultats s’effectue à l’issue de la 3ème séance, de la 6ème séance et 6 semaines après la dernière séance (délais de cicatrisation).
  • Position : soit en décubitus dorsal (fig : 5), soit en décubitus ventral (fig : 6) avec mise en tension de l’aponévrose plantaire. Cette 2ème position peut être utilisée en cas de douleurs myofasciales et Point Trigger au niveau de la chaine postérieure associée.
  • Application Ondes de Choc Radiales au niveau de l’insertion de l’aponévrose plantaire sur le calcanéum : fréquence 9 - 10 Hz; pression 2,2 à 2,8 bars ; 2000 chocs ; pression manuelle appuyée.

[caption id="attachment_535" align="aligncenter" width="321"] Fig.5 : Position 1 décubitus dorsal[/caption]

 

[caption id="attachment_536" align="aligncenter" width="274"] Fig.6 : Décubitus ventral[/caption]

 

En cas de douleur myofasciale et Trigger Points associés à la lésion tendineuse:

  • Le traitement par Ondes de Choc Radiales sera adapté au bilan réalisé au préalable
  • Il débute systématiquement à distance de la zone douloureuse
  • Le choix de l’applicateur dépend de la zone à traiter.
  • Le traitement des points trigger est systématiquement associé :
    • Soit à l’applicateur D-Actor : (fig :7 ; fig :8)
      • Ondes oscillantes
      • Pas de microlésions mais effet thermique
      • Technique de smoothing ou de stamping
      • Fréquences les plus adaptées 15Hz – 20Hz

[caption id="attachment_525" align="aligncenter" width="495"] Fig.7: D-Actor smoothig sur IJ[/caption]

[caption id="attachment_526" align="aligncenter" width="503"] Fig.8: D-Actor stamping sur triceps sural[/caption]

  • Soit à des applicateurs spécifiques tels que Peri-Actor ou Spine-Actor qui:
    • Permettent de traiter de façon adaptée les différents fascias aussi bien superficiels que profonds, et paravertébraux
    • Ne doivent être utilisés qu’à des pressions inférieures à 3 bars
    • La fréquence permettant la meilleure réponse des tissus est de 17 Hz +/- 2 Hz
  • 1er : Chaîne myofasciale: (fig.9 ; fig.10 ; fig.11)
    • Fessiers ; Ischio-jambiers ; Tenseur Fascia Lata ; Jumeaux interne, externe; soléaire ; Fascia plantaire
    • Scrapper ou Knuckle : 0,8 – 3 bars ; 17 - 21 Hz ; 3 – 5 passages

[caption id="attachment_527" align="aligncenter" width="503"] Fig.9 - Knucke sur IJ[/caption]

[caption id="attachment_528" align="aligncenter" width="498"] Fig.10 - Scrapper sur fascia mollet[/caption]

[caption id="attachment_533" align="aligncenter" width="485"] Fig.11 - Knuckle sur la plante du pied[/caption]

 

  • 2ème : Trigger Points:
    • Sphère ou D-Actor ; 0,3 – 3 bars ; 13 Hz ; 500 coups ; Points spécifiques

 

  • 3ème : Traitement de l’aponévrosite en mode Habituel : (fig.12)

[caption id="attachment_529" align="aligncenter" width="481"] Fig.12 - R040 sur insertion aponévrosite[/caption]

 

  • 4ème : Vibrations (fig.13 ; fig.14 ; fig.15)

Un massage décontracturant par infrasons (applicateur V-Actor) effectué au niveau de la chaine postérieure (Ischio-jambier + SACP) complètera le traitement - fréquence 30 à 35 Hz ; pression 2,4 à 3 bars ; 2500 à 3500 chocs

[caption id="attachment_530" align="aligncenter" width="490"] Fig.13 - Vibrations sur IJ[/caption]

[caption id="attachment_531" align="aligncenter" width="488"] Fig.14 - Vibrations sur mollet[/caption]

[caption id="attachment_532" align="aligncenter" width="483"] Fig.15 - Vibrations sur plante du pied[/caption]

 

Kinésithérapie associée

Les Ondes de Choc Radiales peuvent être utilisées soit seules et/ou en complément d’autres techniques rééducatives.

Dans le cadre du traitement de l’aponévrosite plantaire, certaines techniques peuvent être effectuées avant l’application d’Ondes de Choc Radiales:

  • Normalisations articulaires (pied, cheville, genou, hanche, bassin).
  • Etirements manuels et/ou auto-étirements de la chaine post de cuisse, du SACP (jumeaux, soléaire, muscles intrinsèques du pied, aponévrose plantaire).
  • Renforcement musculaire excentrique lent du triceps sural.

D’autres techniques pouvant potentialiser l’action des Ondes de Choc Radiales suivront l’application de celles-ci:

  • Association ODCR - couplage (ODCR + infrasons)
  • Electrothérapie (courants de capillarisation)
  • Massages décontracturants des muscles intrinsèques du pied, du SCAP.

Diminution des sollicitations mécaniques :

  • Prescription de talonnettes amortissantes (diminue les microtraumatismes) et sur élévation du talon (diminue les contraintes mécaniques sur la chaine postérieure).
  • En cas de troubles statiques, prescription d’une orthèse plantaire.
  • Si sportif : réduire les heures d’entrainement (ou arrêt complet).
  • Si non sportif : diminuer les distances de marche, éviter au maximum les stations debout prolongées.

 

CONCLUSION

Dans le traitement des aponévrosites plantaires, les Ondes de Choc Radiales constituent une technique de choix validé par de nombreuses études.

Il s’agit d’un traitement non invasif, limité dans le temps, comportant peu d’effets secondaires et ne nécessitant que très rarement l’arrêt sportif.

Il ne s’agit pas d’un traitement exclusif, mais d’une thérapie qui peut être utilisée soit seule en début de cycle rééducatif, soit entre 2 séances de rééducation classique, soit en complément d’une séance de kinésithérapie.

L’adjonction de techniques vascularisantes, type massage circulatoire, infra-sons, stimulation à visée vasculaire (capillarisation), potentialiserait les effets bénéfiques des Ondes de Choc Radiales.

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un médecin.

Pour plus d’informations sur les ondes de choc radiales, cliquez ICI.

www.chattanoogarehab.fr

Auteur : Thierry ALLAIRE, Kinésithérapeute du Sport – MKDE Le Havre

Consultant Chattanooga/DJO pour les Ondes de Choc.

Sources / Illustrations : Thierry Allaire, DJO France

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