Laser Haute Puissance et arthropathie des doigts : la rhizarthrose
INTRODUCTION
La rhizarthrose est une arthrose importante de l’articulation trapézo-métacarpienne du pouce. Généralement idiopathique, elle peut aussi être la conséquence d’une fracture, d’une infection ou d’un rhumatisme important. Traiter de manière conventionnelle ce type de pathologie demande souvent une association de techniques et protocoles rigoureux.
L’apport du Laser Haute Puissance permet non seulement de réduire ce temps de traitement mais aussi d’apporter un confort rapide et supplémentaire au patient.
ANATOMIE FONCTIONNELLE ET PHYSIOPATHOLOGIE
Anatomie
La colonne du pouce est constituée par le scaphoïde, trapèze, le 1 er métacarpien et les 2 phalanges. Cet ensemble se compose de 4 articulations la scapho-trapézienne (ST), la trapézo-métacarpienne (TM), en cause dans la rhizarthrose, la métacarpo-phalangienne (MP) et enfin l’inter-phalangienne IP). Au niveau musculaire, 9 muscles (4 extrinsèques venant de l’avant-bras et 5 intrinsèques) forment un ensemble qui permet une grande mobilité du pouce.
Cette anatomie très particulière permet d’effectuer les mouvements suivants : adduction, abduction, flexion, extension et opposition. Grâce au pouce, la mobilité de la main se résume à plusieurs modes de préhension : la pince fine (unguéale d’opposition terminale, bidigitale par opposition subterminale, tridigitale, sub-termino-latérale, interdigitale) et la pince de force (préhension à pleine paume avec verrouillage par le pouce, préhension par empaumement). Mais l’articulation la plus importante reste la TM qui permet d’orienter le pouce lors de ces différents mouvements. Dans tout ce système articulaire, la TM comporte une capsule lâche, obligeant les différents ligaments à assurer la stabilité de cette articulation.
Physiopathologie
La rhizarthrose est caractérisée par une dégénérescence du cartilage, principalement sur la TM, mais qui s’étend souvent aux autres articulations de la colonne du pouce. Cette pathologie, prévalent chez les femmes âgées ou chez les travailleurs de force, présente quelques facteurs de risque comme l’âge, la dysplasie trapèzienne, les fractures du trapèze, de Rolando ou Bennet, mais aussi la laxité ligamentaire.
Malgré tous ces facteurs, le facteur professionnel (travail de force avec la pince ou l’exposition fréquente aux vibrations) reste le principal pourvoyeur de douleurs.
BILAN DIAGNOSTIC
Bilan interrogatoire
Il sera centré sur l’âge du ou de la patiente, ses antécédents traumatiques mais surtout sur ses habitudes de la vie quotidienne, sûr son travail. Cet interrogatoire mettra souvent en avant des douleur, amplifiées par l’usage du pouce, entrainant des difficultés à l’utilisation de la pince pouce / index (par exemple, tourner la clef dans la serrure). Dans les cas les plus sévères, les douleurs persisteront au repos et la nuit.
Examen clinique
L’examen clinique doit toujours être comparatif avec le côté opposé. Il s’attache à l’analyse fonctionnelle, la mesure de la force, de la déformation et des douleurs.
Tester les muscles extrinsèque (long abducteur, long et court extenseur, long fléchisseur propre) jusqu’à leur insertion proximale.
L’examen fonctionnel de la main est indispensable. Pour cela on recherche essentiellement des troubles de la motricité fine ou de la force. On cherche une sensibilité à la pression sur la base du pouce, une raideur et une difficulté pour écarter le pouce. Si la rhizarthrose est avancée, on retrouvera une déformation, toujours à la base du pouce, avec une tendance à l’hyper-extension (aspect en zig-zag).
Examens complémentaires
Radiographie | Sous 3 incidences : face, profil et une incidence spécifique de l’articulation trapèzo-métacarpienne |
Scanner | Il est utilisé dans les cas d’arthrose post-traumatique |
IRM | Simplement dans les formes débutantes ou particulières |
Classification
La rhizarthrose est classée selon 4 stades :
- Stade 1 : articulation normale ou peu élargie
- Stade 2 : léger pincement articulaire avec des ostéophytes inférieurs à 2 mm
- Stade 3 : destruction articulaire avec ostéophytes supérieurs à 2 mm
- Stade 4 : les articulations TM et ST sont atteintes avec ostéophytes importants
[caption id="attachment_794" align="aligncenter" width="641"] Crédit photo: Institut Européen de la Main[/caption]
Diagnostics différentiels
Les diagnostics différentiels de la rhizarthrose pure sont :
- L’arthrose péritrapèzienne
- L’arthrose scapho-trapezo-métacarpienne
- L’arthrite rhumatoïde
- L’hémochromatose
TRAITEMENT
Le traitement de la rhizarthrose peut se diviser en 2 temps : la phase inflammatoire et la phase « froide ». Dans les deux cas, l’apport du laser sera important avec des modalités, de réglage et de périodicité de traitement, différentes.
Traitement Laser Haute Puissance
Modalités d’application :
Chaque traitement se découpe en 3 phases de 3 mn environs. Le temps d’application va dépendre de la surface à traiter, de la densité d’énergie et de la puissance que l’on veut délivrer aux tissus en profondeur. Une formule peut s’appliquer :
- DE en Joule
- S = Surface TTT
- P = Puissance appareil
- p = profondeur en cm
Le patient est positionné face au thérapeute, coude à 90° avec main en position neutre, pouce au zénith. Les zones à traiter étant d’une surface assez faible, nous opterons pour une petite tête de traitement. Chaque personne présente dans la pièce devra porter des lunettes et l’accès à la salle sera interdite lors du traitement.
Traitement en phase inflammatoire
- Première phase :
Elle consiste à appliquer le laser au contact de l’articulation TM de façon circulaire en omettant aucune face (antérieure, latérale et postérieure). Tout en restant avec une puissance inférieure à 5 W/cm2. A cette puissance, le patient ne doit ressentir aucun désagrément.
- Deuxième phase :
Cette phase peut se diviser en 2 temps (en fonction de votre bilan initial) : tout d’abord un traitement sur les muscles extrinsèques en montant bien jusqu’au coude en mode continu.
Commencer par une puissance de 6 à 7 W/cm2 puis augmenter en fonction de la sensation du patient (le seuil de sensation désagréable se site souvent vers 10 à 12 W/cm2). Deuxième temps à la partie distale du pouce et au niveau des articulation MCP et IP en mode stocastique avec des puissances inférieures à 9 W/cm2.
- Troisième phase :
Au niveau de la racine nerveuse (C6 à T1) en mode stocastique en effectuant un balayage de haut en bas puis latéralement.
Vous pouvez aussi lors de cette phase traiter les points Trigger des muscles concernés de manière circulaire.
Traitement en phase « froide » :
La modification se fera simplement sur la première phase où l’on débutera par le mode interrompu (à partir de 5 W/cm2) pour aller vers un mode stocastique. Avec le mode interrompu vous êtes dans la continuité de l’action anti-inflammatoire alors que le mode stochastique privilégie le traitement de la douleur. Vous garderez les 2 autres phases avec des puissances qui peuvent augmenter.
Kinésithérapie
La kinésithérapie est, bien sur, associée au traitement laser. En fonction de vos objectifs et votre bilan, vous pourrez effectuer les séances de laser avant la séance (en phase « froide » pour favoriser la mobilité) ou après la séance (pour faire baisser l’inflammation ou la douleur).
D’autres adjuvants peuvent compléter le traitement comme l’application de cataplasmes d’argile (à distance du laser), le Taping pour faciliter le relâchement musculaire (tension 0% sur un muscle placé en excentrique) ou le TENS en relâchement musculaire.
Traitements complémentaires
L’utilisation d’attelle de repos rigide nocturne est un très bon moyen de soulager l’articulation en complément d’une attelle souple la journée si besoin.
L’ergothérapie en dispensant des conseils d’hygiène de la vie quotidienne, en préconisant des aides techniques afin d’obtenir une éducation gestuelle permettant d’envisager un avenir professionnel en adéquation avec sa maladie.
Au niveau médical, le traitement débute généralement par des antalgiques simples (paracétamol), puis des AINS pouvant aller jusqu’à des corticoïdes ou injections d’acide hyaluronique.
En dernier recours, la chirurgie peut être envisagée. Elle sera : soit conservatrice en effectuant une désinsertion partielle des tendons de la base du pouce ou une ostéotomie du trapèze - premier métacarpien ; soit non conservatrice avec trapézectomie ou prothèse trapezo-métacarpienne.
CONCLUSION
Ce qu’il faut retenir :
- Traiter la rhizarthrose dès les premiers symptômes
- Utiliser le laser haute puissance sur toutes les phases d’évolution de la maladie
- Traiter le patient dans sa globalité
- Ne pas négliger les attelles ainsi que les aides techniques
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Auteur : Bernard BONTHOUX, Ostéopathe DO – MKDE, consultant Chattanooga - DJO
Sources / Illustrations : DJO France, Institut Européen de la Main
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- Anatomie générale et système locomoteur – Deboeck Sept 2016 – M. Schünke, E. Schulte, U. Schumacher
- https://www.institut-europeen-main.com/
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- High power laser therapy treatment compared to simple segmental physical rehabilitation in whiplash injuries (1° and 2° grade of the Quebec Task Force classification) involving muscles and ligaments - Muscles Ligaments Tendons J. 2013 Jul 9;3(2):106-11 - Conforti M, Fachinetti GP
- Effects of High-Intensity Laser Therapy on Pain Sensitivity and Motor Performance in Patients with Thumb Carpometacarpal Joint Osteoarthritis: A Randomized Controlled Trial - American Academy of Pain Medicine - oct-20 - Raquel Cantero-Téllez, Jorge Hugo Villafañe, Kirstin Valdes, Santiago García-Orza, Mark D Bishop, Ivan Medina-Porqueres
- Class IV laser therapy for trapeziometacarpal joint osteoarthritis: Study protocol for a randomized placebo-controlled trial – Pub Med – Mars 2018 - Ivan Medina-Porqueres, Raquel Cantero-Tellez
- Anatomie de Trigger Points – Eveil Santé 2016 – S. Niel-Asher
- https://www.docteurphilipperoure.com/chirurgie-main/rhizarthrose/
- Physiotaping Therapy - K-Sport 2011 – A. Bruchard, O. Mouraille
- Argile – Eyrolles 2013 -N. Cousin