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Chaque praticien, spécialisé dans le sport ou non, reçoit régulièrement dans son cabinet des patients pour des lésions musculaires. La prise en charge, quelle que soit la phase, aura deux objectifs :

  • un retour au plus vite à la situation initiale (muscle apte à assurer sa fonction normalement)
  • éviter le processus d’aggravation

Face à cette pathologie, nous allons voir que le laser convient pour les différentes étapes du processus.

En déroulant les 5 phases de lésions musculaires (découpage non exhaustif) et en adaptant le mode d’admission du laser, le thérapeute gagnera en délais de guérison.

Dans cet article, nous ne traiterons que les lésions intrinsèques du muscle, qui sont des lésions où la résistance de la structure musculaire est dépassée. Et non pas les lésions extrinsèques qui sont un écrasement du tissu musculaire contre la structure osseuse (contusion).

 

LES STADES DE LESION

Les stades qui vont de la contracture à la déchirure méritent que l’on s’attarde un peu sur les processus et les différentes phases qui entraînent une modification du traitement. Nous traiterons donc le sujet en découpant, de façon arbitraire, les lésions musculaires pour en adapter le traitement laser. (1)

 

EPIDEMIOLOGIE

Selon plusieurs études et cohortes, on sait qu’en fonction du sport, le taux de lésion musculaire varie de 10 à 55 %.

Elle touche principalement les hommes (90%) et les membres inférieurs (90%).

Par ordre de fréquence, on retrouve les ischios-jambiers (37%), les adducteurs (23%), les quadriceps (19%) et enfin le triceps sural (13%).

Un facteur est à prendre en compte, le taux de récidive qui est évalué à 16%. (2)

 

PREAMBULE

Avant de traiter ces pathologies, un check-up périphérique est important :

  • Fatigue supplémentaire,
  • Voir s’il n’y a pas une mauvaise hygiène de vie,
  • Vérifier la boisson ainsi que tous les sels minéraux,
  • Manque d’étirements,
  • Vérifier les axes du membre inférieur, du rachis et la statique de l'ensemble du corps, le type de chaussures, en somme tous ces éléments qui sont souvent en cause dans le processus de lésion musculaire des membres inférieurs.

 

ANAMNESE ET CLINIQUE

La contracture :

c’est une accumulation de toxines dans le muscle. L’organisation structurale du muscle n’est pas touchée, les lésions se limitent à la fibre musculaire. La douleur est souvent difficile à repérer car elle arrive progressivement, entre 6 et 48 heures, et ne produit pas de gêne significative.

 

L’élongation :

d’arrivée brutale, elle oblige à l’arrêt de l’activité. Il y a parfois une déchirure de quelques fibres musculaires. Aucune douleur au repos, mais celle-ci se révèle dès que l’activité s’amplifie. L’examen permet de déceler une douleur localisée souvent lors de l’étirement.

 

La déchirure :

la survenue est toujours brutale (coup de poignard), ne permettant pas la poursuite d’activité. On retrouve en général un œdème avec souvent un saignement au niveau de la déchirure. La palpation permet de mettre en évidence une douleur importante et très localisée, le ballotement musculaire est faible et douloureux, les tests sont tous douloureux.

 

La rupture :

survenue brutalement avec l’apparition rapide d’un œdème, une encoche musculaire et progressivement une tension de tout le muscle.

 

LES EXAMENS COMPLEMENTAIRES 

Ils sont principalement de deux ordres et, même si l’examen clinique est généralement suffisant, l’échographie ou l’IRM permettent de confirmer la lésion ainsi que le stade :

L’échographie, avec un défaut : elle est opérateur dépendant. Certains clubs, comme le FC Barcelone au foot, attendent 48 heures avant de faire cet examen car ils estiment que l’examen n’est pas assez précis avant.

L’IRM, qui permet de mieux visualiser les muscles profonds, facilite elle aussi la prise de décision concernant les délais de reprise du sport. C’est un examen qui peut être effectué à tout moment. (3)

 

TRAITEMENT PAR LA THERAPIE LASER 

Rappel physique

Bien traiter, c’est aussi avoir en tête l’action sur les tissus en fonction des longueurs d’onde, résumée sur le schéma suivant :

 

La contracture

Afin de bien caractériser la contracture, il est important de vérifier plusieurs signes palpatoires : le cordon musculaire douloureux et parfois une douleur à l’étirement. Étant donné que la contracture correspond à une asphyxie du muscle, l’utilisation du laser se fera principalement en visant l’action photochimique (vers 980 nm). C’est à dire la libération d’oxygène au niveau du tissu musculaire ainsi que la vascularisation (vers 1064 nm). Il est important de cibler la zone la plus touchée, mais également les insertions tendineuses qui sont sollicitées.

Dans le réglage de votre laser, privilégiez la profondeur musculaire(4) en ayant des puissances élevées, l’action anti-inflammatoire est souvent nécessaire au début (émission interrompue avec un rapport cyclique de 30% environ). On sait en effet que suite à l’exercice, des microlésions se sont créées entraînant un processus inflammatoire qui suit l’atteinte des fibres. Puis vous évoluerez vers des temps d’émission de plus en plus faibles pour arriver sur un mode continu (échauffement des tissus).

En général deux à trois séances suffisent dans les deux à quatre jours qui suivent les premiers signes. Elles peuvent s’effectuer en parallèle de l’entrainement, au début après la séance puis ensuite avant la séance afin de préparer le muscle à l’effort.

 

L’élongation musculaire 

Dans ce cas nous n’avons pas de saignement, d’hématome ou d’ecchymose. Généralement nous avons une douleur sur toute la longueur du muscle qui persiste au repos. Ici la douleur est souvent plus localisée, à la différence de la contracture. L’échographie n’est pas spécialement indiquée dans ce cas, car elle ne fait pas mieux que l’examen clinique.

Tout le muscle étant touché dans sa longueur, il est souvent judicieux de prendre une tête de laser plus large pour balayer une plus grande surface. Dans ce cas, nous appliquerons un temps de traitement plus long ou des puissances plus élevées afin de délivrer la même quantité d’énergie, en s’appuyant sur les formules suivantes :

E (Énergie) = P (Puissance) x T (Temps)

DE (Densité Énergie) = E x S (Surface)

Pour l’élongation, le protocole laser se rapproche de celui de la contracture mais avec une phase anti-inflammatoire souvent plus longue, avant de passer sur un mode interrompu. Durant cette première partie de traitement, la biostimulation (vers 810 nm) va permettre une meilleure régénération des tissus en augmentant la production d’ATP.

Cette phase est délicate à traiter chez certains sportifs car la douleur diminue rapidement et ils veulent repartir au sport. Votre rôle sera donc de les freiner avec un repos total de deux à six jours. Vous pouvez profiter de cette période de repos pour faire des séances quotidiennes (cinq) de laser, avant de passer à trois puis deux séances par semaine.

 

La déchirure

 

Dans la déchirure, il est important de connaître les phases citées ci-dessus. Mais pour le traitement laser, il est préférable de découper notre action en deux phases. Charge à vous de moduler en fonction de l’évolution.

  • Une première avec œdème, douleur et généralement saignement. L’échographie nous montre une désorganisation de l’architecture musculaire avec perte d’alignement des fibres. Le traitement sera in situ au niveau de la déchirure en mode anti inflammatoire. Puis interrompu sur des fréquences permettant la bio-stimulation (vers 810 nm) et l’élimination de l’œdème.
  • La deuxième phase de la déchirure, avec rétraction musculaire. Les adhérences étant les principales composantes du muscle, nous devons amener de la chaleur et travailler pour régénérer les tissus. Le laser en mode continu, avec une augmentation de puissance progressive, si besoin d’aller en profondeur. Le tout sur des longueurs d’onde d’environ 1064 nm
  • Dans les deux phases, des réglages visant à la libération d’endorphine me paraissent indispensables. Cela va faire baisser rapidement la douleur sans altérer le geste. Privilégiez un mode qui alterne les différents paramètres du laser, pour avoir un effet sur les nocicepteurs et les mécanismes de régulation de la douleur, évitant l’accommodation. (5)

L’objectif est en premier lieu une baisse significative et très rapide de l’œdème ainsi que du saignement. Pour cela il faut traiter tous les jours pendant minimum cinq jours.

Pour traiter de manière plus précise, il est important de toujours apprécier l’emplacement et la profondeur du saignement (superficiel, interstitiel ou en profondeur).

 

PHASES DE TRAITEMENT 

Cette pathologie est vraiment une pathologie idéale pour le laser(6) tout au long du processus de guérison. Il agit lors des trois phases de réparation des tissus :

  • inflammation
  • prolifération
  • remodelage

Chaque session de traitement est découpée en trois, voire quatre phases, chacune de trois minutes. Généralement au niveau de la zone précise de la lésion, puis sus et sous lésionnel jusqu’à la zone tendineuse ou insertion musculaire du muscle concerné.

Le suivi clinique est primordial sur ce type de pathologie afin d’en évaluer l’évolution, qui est en général rapide (évolution de l’état tissulaire).

Pour en savoir plus, regardez cette vidéo.

 

TRAITEMENTS COMPLEMENTAIRES

Les traitements complémentaires sont nombreux :

  • Pour les pathologies de type crampe, la discussion entre le patient et le thérapeute doit permettre d’avoir un double feed-back permettant des réglages plus précis de l’appareil,

  • Pour les lésions d’élongation et déchirure, la base de traitement est le repos. Ensuite, à l’exception des courbatures, le protocole RICE (ou GREC ou BREF) est le plus souvent appliqué.

  • Le tape est une option intéressante : pour la relaxation du muscle grâce à un étirement maximal sans tension du distal au proximal, pour une baisse de l’œdème avec une pose en éventail sans tension et en direction distale.

  • Utiliser un appareil d'électrostimulation est un excellent complément. Au début avec un programme de capillarisation, TENS. Par la suite, nous pourrons évoluer vers des programmes de renforcement endurance. Puis en fonction de l’objectif et du groupe musculaire vers des réglages plus spécifiques.
  • Enfin, mais qui est du ressort des médecins, l’utilisation des PRP. (7)

 

CONCLUSION 

La thérapie laser sur les lésions musculaires est un atout indéniable permettant une accélération de la guérison.

Bien maitriser le bilan, surtout palpatoire, et les différents réglages de l’appareil sont des conditions indispensables sur ce type de pathologies.

 

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un médecin.

Pour plus d’informations sur ces appareils, cliquez ICI.

 

Auteur : Bernard BONTHOUX, Osthéopathe DO, consultant Chattanooga - DJO – MKDE

Sources / Illustrations : DJO France, Bruno Aguirre, Christopher Campbell, Annie Spratt.

Bibliographie :
  • « Prise en charge des accidents musculaires » par le Dr Rolland GROSSEN
  • « Prise en charge thérapeutique des lésions musculaires aigües intrinsèques » par le Dr El BAKALI
  • « Prise en charge diagnostique des pathologies musculaires du sportif en médecine générale » par le Dr Guillaume SARRE
  • « Class 4. non-invasive laser therapy in clinical rehabilitation », Prouza O, Jeníček J, Procházka M., Rehabil. fyz. Lék., 20, 2013, č. 2, s. 113-119.
  • « High power laser therapy treatment compared to simple segmental physical rehabilitation in whiplash injuries (1° and 2° grade of the Quebec Task Force classification) involving muscles and ligaments », Conforti M, Fachinetti GP, Muscles Ligaments Tendons J. 2013 Jul 9;3(2):106-11,
  • « Prise en charge des lésions musculaires aigües en 2018 », Rev Med Suisse 2018 ; 14 : 1332-9, Drs Adrien Jean-Pierre SCHWITZGUEBEL, Guillaume MUFF, Emiko NAETS, Drs Christos KARATZIOS, Mathieu SAUBADE et Pr Vincent GREMEAUX.
  • « Lésions musculaires » par le Dr Maxime GROSCLAUDE, La Tour, Sport Medicine