ANATOMIE FONCTIONNELLE

Introduction

Le tendon calcanéen est l’un des tendons le plus fréquemment atteint chez l’homme. Les tendinopathies calcanéennes touchent très fréquemment les sportifs d’âge moyen et tout particulièrement les coureurs. Elles sont le plus souvent corrélées à l’hypersollicitation tendineuse. Dans le cas de tendinopathie corporéale, le diagnostic essentiellement clinique peut être confirmé par l’échographie, voire l’IRM.

S’il s’agit d’une tendinopathie d’insertion, une IRM s’avère souvent indispensable pour appréhender le mieux possible le diagnostic et adapter le traitement.

Le traitement des tendinopathies calcanéennes corporéales est essentiellement rééducatif (travail excentrique, étirements, etc…) et une large part est donnée aux ondes de choc radiales qui permettent d’améliorer la qualité du processus de cicatrisation et d’aborder ainsi la phase de rééducation active et la reprise sportive plus précocement.

 

Rappels anatomiques

Le tendon calcanéen transmet la force développée par le triceps à l’aponévrose plantaire. Il constitue la zone de fragilité du système Suro-Achilléo-Calcanéo-Plantaire (SACP).
Ce SACP possède une double fonction : posturale par le muscle soléaire et propulsive par l’action des jumeaux lors de la marche et la course.
Le triceps sural est formé de 2 sous unités : le soléaire et les gastrocnémiens dont les tendons et les aponévroses s’accolent, ce qui est à l’origine de l’aspect bipartite du tendon calcanéen (Fig. 1a).
Le tendon calcanéen est un tendon volumineux, puissant, vertical (Fig. 1b), dont les fibres enroulées en spirale se termine au niveau de la face postérieur du calcanéum avec une rotation de 90°. Les fibres postérieures, latérales et antérieures deviennent respectivement latérales, antérieures et médiales.
Sa résistance à la traction est de l’ordre de 4000 Newton.
Il possède une zone d’hypo-vascularisation à sa partie moyenne ce qui en fait une zone de fragilité. Ses propriétés varient avec l’âge (protéoglycanes, contenu hydrique, fibres de collagène).

[caption id="attachment_101" align="aligncenter" width="200"] Fig.1A[/caption]

[caption id="attachment_102" align="aligncenter" width="207"] Fig.1B[/caption]

 

PHYSIO-PATHOLOGIE

Anamnèse

  • La répétition excessive de contraintes au sein du tendon va entrainer des microlésions asymptomatiques qui ne peuvent pas cicatriser si cette hyper sollicitation perdure
  • Lorsque l’allongement tendineux reste en dessous de 4% (Fig. 2), le tendon se comporte comme un modèle élastique et revient à sa longueur de repos initiale. Entre 4% et 8% il survient des ruptures microscopiques. Au-delà de 8% d’élongation, on observe les premières lésions macroscopiques qui peuvent aller jusqu’à la rupture à partir de 14%.

  • Ces excès de contraintes mécaniques demeurent la cause principale des tendinopathies. Cependant de multiples facteurs intrinsèques et extrinsèques coexistent.
  • Facteurs de risque intrinsèques : diminution de la flexion dorsale de cheville, perturbation de la mobilité de la subtalaire, diminution de la force musculaire en flexion plantaire, augmentation de la pronation du pied, tendon anormal à l’imagerie, certaines pathologies (obésité, diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie etc…).

Facteurs de risques extrinsèques : type de sport, surfaces de jeux, erreurs d’entrainement, technique sportive, mauvais choix de l’équipement, facteurs environnementaux…

 

Examen Clinique

  •  Les douleurs sont classiquement localisées à la partie moyenne du tendon. Elles apparaissent de façon intermittente à l’effort. A son mode de début, les douleurs présentes fréquemment en début d’activité diminuent en général au cours de l’entrainement.
  • Toutefois, la pathologie peut s’aggraver. La douleur devient de plus en plus invalidante pouvant gêner, voire obliger le sportif à interrompre son activité (Score fonctionnel de Blazina).
  • Une sensation de raideur peut être perçue à la mise en charge suite à une période de mise au repos prolongée(nuit).
  • L’inspection décèle fréquemment un gonflement.
  • La palpation retrouve une douleur comprise entre 2 et 6 cm de l’insertion calcanéenne tibiale.
  • Une diminution de la force et de l’endurance musculaire des fléchisseurs plantaires peut être mise en évidence par le test de monté sur la pointe de pied en unipodal.
  • Les examens complémentaires tels que l’échographie et l’IRM mettent en évidence un épaississement tendineux avec des modifications structurelles. Une hypervascularisation est souvent mise en évidence par la présence d’une activité doppler intratendineuse.
  • Les principaux diagnostics différentiels sont : l’enthésopathie calcanéenne, le syndrome de l’os trigone, la bursite rétro-calcanéenne, une pathologie inflammatoire systémique.

 

TRAITEMENT ONDES DE CHOC

  • Les Ondes de Choc Radiales ont largement amélioré les possibilités thérapeutiques et permis une reprise sportive plus rapide et dans de meilleures conditions.
  • Le traitement par ODCR comprend en général 5 à 6 séances espacées de 6 à 7 jours.
  • Les résultats des ODCR sur les tendinopathies corporéales sont excellents (nodulaires, fusiformes, fissuraires, suite de peignage ou de suture du tendon calcanéen (au-delà du 4ème mois post opératoire) etc

Application des ODCR sur une tendinopathie corporéale :
Position : patient en décubitus ventral, pied en bout de table ; repérage manuel palpatoire (Fig. 3) ; mise en tension du tendon calcanéen maintenu par le thérapeute (Fig. 4).

Application des ODCR (Fig. 5) : fréquence 9 – 10 Hz ; pression 2,4 à 2,8 bars ; 2000 chocs; pression manuelle appuyée. Nous effectuons 1000 chocs de part et d’autre du tendon calcanéen avec un contre appui manuel.

[caption id="attachment_104" align="aligncenter" width="365"] Fig.3[/caption]

[caption id="attachment_105" align="aligncenter" width="365"] Fig.4[/caption]

[caption id="attachment_94" align="aligncenter" width="365"] Fig.5[/caption]

 

PLUS LOIN AVEC CHATTANOOGA

  • Certains appareils possédant des applicateurs spécifiques permettent de parfaire le traitement.
  • Utilisation du « deep impact »
    – Cette tête dite « focalisée » (Fig. 6) permet de concentrer les ODCR et de développer une énergie plus élevée dans une fenêtre plus étroite. Ce type d’applicateur très efficace peut être utilisé notamment dans le cas de tendinopathie corporéale nodulaire (Fig. 7)

[caption id="attachment_95" align="aligncenter" width="365"] Fig.6[/caption]

[caption id="attachment_96" align="aligncenter" width="365"] Fig.7[/caption]

  • D20 ; D35 D-ACTOR : (Fig. 8)
    – Activation musculaire (Fig. 9) (couplage ODCR/infrasons) sur triceps sural.
    – 15 Hz ; 2 à 2,5 bars ; 2000 à 2500 chocs.

[caption id="attachment_97" align="aligncenter" width="365"] Fig.8[/caption]

[caption id="attachment_98" align="aligncenter" width="366"] Fig.9[/caption]

[caption id="attachment_84" align="aligncenter" width="365"] Fig.10[/caption]

[caption id="attachment_99" align="aligncenter" width="365"] Fig.11[/caption]

TRAITEMENTS COMPLÉMENTAIRES

KINÉSITHÉRAPIE

• Les ODCR peuvent être utilisées soit seule et/ou en complément d’autres techniques rééducatives.
• Rompe a montré la supériorité de l’association travail excentrique – ODCR dans le traitement des tendinopathies calcanéennes.

Avant les ODCR

  • Normalisations articulaires (pied, cheville, genou, hanche, bassin, rachis).
  • Étirements adaptés.
  • Travail excentrique fonctionnel (Stanish ou Alfredson) ou isocinétique (protocole Croisier)

Après

  • Massages décontracturants des Ischio-jambiers et des fessiers.
  • Électrothérapie (courants de capillarisation).

En alternance :

  • Massage transverse profond (MTP), crochetage.

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un  médecin.

Pour plus d’informations sur les solutions thérapeutiques proposées, cliquez ICI.

Auteur: Thierry ALLAIRE, Kinésithérapeute du Sport – MKDE Le Havre