INTRODUCTION

La question qui vient en premier lieu quand on lit le titre de cet article, c’est : comment est-il possible de faire de l’électrostimulation sur une prothèse ? Le risque de brûlure est important… c’est donc interdit !

A une certaine époque lointaine oui mais plus maintenant car les paramètres électriques ont changé. Les courants de l’époque allaient toujours dans le même sens ce qui pouvait provoquer des brûlures au niveau du métal. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas: il n’y a donc plus de risque. La somme des intensités est égale à zéro. Continuons !

 

ANATOMIE FONCTIONNELLE ET PHYSIOPATHOLOGIE

La hanche

La hanche est une articulation mobile (énarthrose) qui fait le lien entre le bassin et le membre inférieur. De par sa position anatomique, elle transmet le poids du corps au membre inférieur lors de la station debout et de la marche. Il est donc indispensable qu’elle assure à la fois de la stabilité en charge et de la mobilité lors du déplacement.

Soumise à de nombreuses contraintes, elle fait l’objet de diverses pathologies dégénératives ou traumatiques conduisant pour certaines à la pose d’une prothèse totale.

La principale de ces pathologies est l’arthrose (coxarthrose). Cette maladie provoque la dégradation irréversible du cartilage. L’articulation s’enraidit et devient douloureuse entrainant dans les cas les plus sévères la pose d’une prothèse.

Autre cause fréquente, le traumatisme à haute énergie provoquant la fracture multiple du col fémoral.

Cette liste est bien entendu non exhaustive car il existe bien d’autres pathologies inflammatoires évolutives qui peuvent conduire à la pose d’une prothèse.

 

La prothèse de hanche

La prothèse se constitue de deux parties distinctes, une partie céphalique insérée dans le fût fémoral et une cupule fixée dans le cotyle. Il existe différents types de prothèse, le choix est chirurgien dépendant en fonction de critères d’âge et de lésion.

Dans tous les cas, le patient opéré se verra perdre de la force musculaire.

La rééducation aura pour objectif principal de redonner force, stabilité et autonomie. L’électrostimulation neuro-musculaire trouvera une place de choix dans cette rééducation afin d’accélérer la reprise du tonus musculaire. Nous verrons plus loin dans cet article les différentes modalités d’exécution.

Vous retrouverez ci-dessous différentes études qui ont démontré l’intérêt de l’électrostimulation dans la récupération de la force.

RAPPEL ANATOMIQUE

Rappel osseux

L’articulation coxo-fémorale met en relation la tête du fémur (sphère pleine) avec la cotyle (sphère creuse).

L’articulation est stable naturellement car bien emboîtée. Cette stabilité est complétée par une puissante capsule articulaire, elle-même renforcée par de solides ligaments.

Ligament iliofémoral, pubofémoral et ischiofémoral.

Ne pas oublier également le labrum ou bourrelet, fibrocartilage entourant le cotyle qui complète cette structure stable.

Rappel musculaire

Sur le plan musculaire, la hanche présente des muscles parmi les plus puissants du corps.

Pour assurer les mouvements dans les différents plans anatomiques, on trouve :

Les muscles pelvis-trochantériens en arrière reliant le bassin à la face postérieure du fémur. Rotateurs externes.

Pyramidal, jumeaux supérieur et inférieur, obturateurs interne et externe et le carré fémoral.

Les muscles fessiers très puissants qui permettent le mouvement d’Abduction. De par leur position superficielle, ce sont eux que nous choisirons pour la stimulation électro-induite. En effet, les électrodes de surface ne permettent pas la stimulation directe des muscles profonds.

Dans le rappel anatomique musculaire, ne pas oublier également le psoas iliaque dont les deux chefs se termine par un tendon commun sur le petit trochanter.

Les adducteurs situés à la face interne de la cuisse ainsi que les ischios jambiers postérieurs à la hanche dont le tendon commun d’origine se trouve sur l’ischion font également partie de la structure musculaire.

Pour terminer, le quadriceps muscle le plus volumineux de l’organisme fait aussi partie des muscles de la hanche en raison de son chef droit fémoral qui intervient dans le mouvement de flexion.

Après ce bref rappel anatomique, nous allons développer les règles pratiques de l’électrostimulation et à partir de là, expliquer comment et pourquoi les adapter après la pose d’une prothèse de hanche.

 

REGLES PRATIQUES DE L’ELECTROSTIMULATION NEURO-MUSCULAIRE APPLIQUEES A LA PTH

Quels sont les différents programmes ? 

Il existe de nombreux programmes disponibles sur les appareils de la marque Chattanooga. Ce choix dépendra de la nature du travail à effectuer et de l’objectif. Il est évident que le traitement d’une personne de 85 ans fraîchement opérée ne fera pas le même programme qu’un accidenté de la route de 55 ans qui est en fin de rééducation.

Certains appareils de la marque Chattanooga présentent un programme nommé PTH (prothèse totale de hanche). On distingue 3 niveaux :

  • 1 correspondant au programme amyotrophie niveau 1
  • 2 correspondant au programme amyotrophie niveau 2
  • 3 correspondant au programme renforcement niveau 1

Il faudra donc choisir un de ces programmes en fonction de l’objectif de la rééducation.

 

Pourquoi choisir le programme PTH ?

Les secousses en basses fréquences (4 Hz) placées après chaque contraction électro-induite peuvent poser un risque de descellement de prothèse. Le programme PTH est réglé de façons à ce qu’aucune basses fréquences n’apparaissent pendant le soin.

Si votre appareil ne possède pas le programme PTH, utilisez les programmes standards Amyotrophie et Renforcement en supprimant les basses fréquences au départ. Ne pas faire la phase d’échauffement au début ainsi que la phase dite de repos à la fin. Mettre à 1 l’intensité de la période de repos après la 1ère contraction pendant la phase de stimulation.

 

Comment placer les électrodes ?

Le placement des électrodes sera précis afin d’obtenir les stimulations les plus efficaces possibles. Dans les traitements musculaires que nous utiliserons, il faudra placer l’électrode dite positive sur le point moteur du groupe musculaire et l’électrode dite négative sur l’extrémité de ce même groupe. Le groupe musculaire choisi pour la stimulation suite à une prothèse de hanche, sera les fessiers. Il y aura une électrode positive placée sur le point moteur du grand fessier et l’autre sur le point moteur du moyen fessier. Les deux électrodes négatives seront placées à l’extrémité du groupe musculaire.

Qu’est-ce que le point moteur ?

il s’agît de la zone anatomique où arrive le motoneurone. On appelle cette zone : la plaque motrice. Une électrode positive placée à côté de la plaque motrice serait beaucoup moins excitatrice et provoquerait une stimulation plus inconfortable et moins efficace.

Remarque : le placement est identique pour les appareils filaires et wireless.

Réglagles

Le réglage de l’intensité sera toujours le maximum supportable. Il faudra bien entendu être à l’écoute de son patient. L’intensité doit régulièrement augmenter pendant la séance mais aussi de séances en séances. Si après 3 à 4 séances, votre patient ne supporte pas la sensation électrique des stimulations, il faudra suspendre ce traitement. L’efficacité est liée à l’intensité. Plus l’intensité est forte plus le nombre de fibres musculaires est sollicité. En conclusion, meilleur sera le renforcement.

La position du patient sera fonction de sa récupération, on ne placera pas un patient en post-opératoire immédiat comme un patient en phase de proprioception en charge. Attention toutefois à respecter certaines règles quelques soit le stade de rééducation.

Toujours placer le groupe musculaire ciblé (fessiers) en course moyenne. C’est la course dans laquelle la stimulation est la plus efficace et la plus confortable. Eviter surtout la course interne car la contraction électro-induite devient vite douloureuse (sensation de crampe).

 

L’association électrostimulation et travail volontaire

Il améliore le recrutement spatial ainsi que le confort si l’exercice est réalisé en isométrique. La participation active du patient lors de sa stimulation permettra une meilleur implication et dynamisation dans sa rééducation. Il est donc important de solliciter votre patient afin d’accélérer sa récupération musculaire. Exemple : faire travailler sous forme de squat pendant la stimulation des fessiers ou dans une phase plus précoce, en décubitus latéral, tenir le membre inférieur à l’horizontal pendant la stimulation des fessiers…

Après avoir vu les règles pratiques, quels sont les programmes à utiliser après la pose d’une prothèse de hanche.

 

LES DEUX PROGRAMMES DE BASE RAPPEL

Traitement de l’amyotrophie

C’est la conséquence habituelle de l’immobilisation, de la sédentarité ou de l’inactivité. Elle atteint préférentiellement les fibres lentes. On doit donc choisir un programme adapté visant la fibre lente.

Renforcement

Après une opération de prothèse, outre l’amyotrophie, on se trouve face à une perte de force lié à l’insuffisance des fibres rapides. Il faudra donc trouver un programme dont le régime de travail est adapté à la fibre rapide.

Contraction tétanique max fibres lentes

Durée de la contraction = durée de repos

10 minutes de contractions cumulées

Contraction tétanique max fibres rapides

Durée de repos = 3 X durée de la contraction

5 minutes de contractions cumulées

Remarque importante ! 

On peut solliciter la fibre musculaire de façon importante sans solliciter l’appareil cardio-vasculaire, peu ou pas de fatigue psychique, peu de contraintes articulaires. L’apport de l’électrostimulation sera essentiel dans la rééducation de la personne âgée opérée car elle permettra de soumettre le muscle ciblé à un régime de travail plus important.

 

PROTOCOLE STANDARD POUR LE TRAITEMENT D’AMYOTROPHIE SUITE PTH

1° Amyotrophie niveau 1 (PTH niveau 1)

 

Les électrodes au niveau des fessiers comme expliqué précédemment. Le but de ce programme est : la levée de sidération musculaire, familiariser le patient à la technique, restauration douce de la trophicité. Diminution de l’œdème. Reprise d’un peu de volume et de tonicité. La position de travail varie en fonction de l’état du patient. On passe du décubitus latéral à la position debout.

Faire environ 5 séances minimum 2 par semaine.

2° Amyotrophie niveau 2 (PTH niveau 2)

 

Le but de cette phase est de retrouver un volume musculaire quasi normal. C’est la phase la plus importante du traitement en électrostimulation. Travail de la stabilité du bassin. Travail en bi- puis en unipodal, travail de la marche.

Faire 10 à 15 séances. Toujours maintenir une fréquence minimale de 2 séances par semaine.

3° Renforcement niveau 1 (PTH niveau 3)

 

Comme vu précédemment, le programme de renforcement vise la fibre rapide. Cette phase est donc facultative et patient dépendant. En reprenant mes exemples de ci-dessus, une personne accidentée de 55 ans qui est opérée d’une prothèse suite à un accident de la route devra faire des séances de renforcement pour récupérer de la force et reprendre une activité normale. En revanche, une pose de prothèse chez une personne de 85 ans qui ne fait plus d’activité physique et qui a juste besoin d’être autonome pour ses courses pourra en être dispensée.

Faire au moins 5 séances minimum si la reprise de force est nécessaire au patient.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

TECHNOLOGIE Mi

Avant de conclure, il est intéressant de faire un rappel sur la technologie Mi. L’utilisation de cette technologie va permettre d’optimiser la contraction grâce au Mi scan. Les paramètres de stimulation seront ajustés pour chaque patient. Le confort de stimulation sera accru. La fonction Mi Action sera très utile dans la rééducation dynamique et proprioceptive car elle ne fonctionne que si le patient contracte ses muscles volontairement. Il faut obtenir une bonne contraction pour faire fonctionner cet outil. Autre fonctionnalité intéressante est la touche trigger que l’on trouve sur le wireless seulement. Cette touche permet au kinésithérapeute de déclencher une contraction électro-induite au moment qu’il choisit. Ceci permet un travail plus précis sur des exercices de proprioception par exemple.

 

CONCLUSION

En résumé ce qu’il faut retenir :

  • Stimulation des fessiers
  • Programme PTH
  • Pas de basses fréquences
  • Rééducation patient dépendant
  • Technologie Mi

La douleur est un signe qu’il ne faut pas négliger. Si cette dernière est prononcée et/ou perdure trop longtemps, il est conseillé de consulter un médecin.

Pour plus d’informations sur les solutions thérapeutiques proposées, cliquez ICI.

www.chattanoogarehab.fr

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Auteur : Thierry SERENARI, Kinésithérapeute du Sport (Versailles)

Consultant Chattanooga/DJO pour l’Electrothérapie.

Sources / Illustrations : DJO France, Thierry SERENARI